Le Robineux du Plateau
de André Marsan

critiqué par Libris québécis, le 4 mai 2016
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Vocation sacerdotale
André Marsan se penche avec empathie sur le sort d’un robineux (clochard alcoolique) de Montréal. Il démontre les ressorts qui propulsent un individu vers sa déchéance. Laissant de côté la psychanalyse, il recourt plutôt à la théologie pour souligner la dynamique de ces clochards qui soulèvent bien souvent notre indignation. La lecture de ce roman ajuste le regard que nous portons sur ces gens, victimes de l’incompréhension d’autrui.

Enfant, le héros rêvait de sacerdoce, mais le destin a dévié sa route. Sa vocation, imposée par l’esprit de l’époque si l’on est un garçon studieux et réfléchi, l’ébranle à un point tel qu’il prend la route de l’exil. Il se retrouve à Toronto et à Vancouver, où il prend un virage vers la clochardise. De retour à Montréal pour sauver sa peau, il quadrille les rues du Plateau Mont-Royal sans être reconnu de quiconque, s’occupant parfois à de menus travaux pour des religieuses. Un jour, on le retrouve inanimé sur le trottoir. Emmené à l’hôpital, il reçoit la visite de sœur Dominique, qui réussit à le réconcilier avec lui-même et avec autrui.

En somme, l’auteur présente le cas d’une dépression issue de la difficulté de prendre sa place dans le monde et, particulièrement, dans l’Église que l’on veut servir. Comme le héros est un être sensible, le renoncement à ses besoins, comme l’amour, le conduit aux portes de la folie. Cette trame condamne en douce toutes les normes qui réduisent les humains à des pions sur un échiquier. Par respect de la rectitude, on finit par oublier l’essentiel, l’accueil d’autrui. Que ce soit dans la fonction publique ou dans les communautés religieuses, les règlements se vident de sens quand on perd de vue ceux à qui ils s’appliquent.

Ce roman se penche sur le sort des déjantés en donnant la voix à l’un d’eux. Par contre, cette histoire de vocation sacerdotale qui a mal tourné est traitée dans un esprit qui relève d’une autre époque. L’écriture est trop fleur bleue pour qu’on y croie vraiment. Bref, l’œuvre baigne dans une sensiblerie qui amoindrit sa portée.