Là-haut
de Pierre Schoendoerffer

critiqué par Falgo, le 14 avril 2016
(Lentilly - 85 ans)


La note:  étoiles
L'Indochine
Pierre Schoendoerffer a été au coeur de cette aventure désolée et désolante. Il la raconte au travers d'une fiction qui n'en est pas une tellement elle comporte de récits porteurs de vérité. Un ancien soldat du corps expéditionnaire, Henri Lanvern, devenu un cinéaste réputé en métropole, disparaît au cours d'un tournage en Thaïlande, près de la frontière du Laos. Une journaliste est désignée, sans qu'elle soit a priori intéressée par cette affaire, pour tenter de retrouver sa trace et d'expliquer cette disparition. Elle commence correctement son travail, puis se met à s'intéresser prodigieusement à ce personnage qu'elle découvre grâce à plusieurs interlocuteurs qu'elle fait parler: le producteur du film, un colonel du SDECE, un vieux journaliste, un monteur de film frère d'un général vietnamien que Lanvern a bien connu et qu'il est, semble-t-il, allé rechercher en Thaïlande, un ancien curé, etc. Tous ces récits permettent à la jeune femme de découvrir peu à peu la personnalité de Lanvern, mais également cette guerre d'Indochine avec tous ses acteurs: les membres du corps expéditionnaire, les généraux, les capitaines, les civils, les supplétifs vietnamiens, les combats, la captivité, la chaleur, l'humidité, le froid, la peur, le courage, les blessures horribles, la mort. Rien ne nous est caché.
C'est donc un roman foisonnant que l'auteur nous présente, tant par la description des personnages que par la relation de cette guerre que les métropolitains n'ont pas vraiment voulu voir, mais qui a eu tant de retentissements ultérieurs. Fait, donc, d'interviews successifs, le texte est un peu difficile à lire, car très dense. Il n'en reste pas moins un témoignage important sur cette période et il complète parfaitement les autres écrits de cet auteur. Je ne résiste pas, pour terminer, au plaisir de citer une phrase (p.87) qui est elle-même une citation dans le livre: "La vie est un oignon, plus on l'épluche plus elle empeste, et quand on a fini de l'éplucher, on a les yeux pleins de larmes."