La marche : Sauver le nomade qui est en nous
de Pascal Picq

critiqué par Colen8, le 13 avril 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Puissant moteur de la pensée
Tout a commencé avec les pieds. C’est un pan entier de l’évolution qui nous est conté dans un récit fort riche et drôle à la fois. Ce paléoanthropologue reconnu et écrivain à succès n’a pas hésité à entrer dans le monde métaphysique et philosophique pour revenir sur le processus de l’hominisation, accompagnée par les inventions des mythes et des dieux. Il n’en privilégie pas moins l’approche matérialiste en opposition avec la pensée occidentale forgée sur le règne de l’esprit. En cours de route, il doit avouer notre incapacité à résoudre le mystère de l’avènement d’un tel être pensant, imbu de sa puissance, parti à pied pour dominer la nature et conquérir le monde. Les découvertes fossiles combinées aux techniques actuelles, notamment la biomécanique centrée sur les possibilités du squelette et des articulations, sont utilisées pour comprendre le comment. Comment un primate devenu hominoïde s’est mû verticalement dans un milieu arboré avant de descendre et de mettre définitivement pied à terre. Ce faisant il a donné lieu à du jamais vu chez les mammifères, une espèce apte à la bipédie permanente alliant efficacité, souplesse, endurance et intelligence. La marche ouvre un espace de liberté à la pensée, à l’imagination, à la créativité. Alerte donc à la sédentarité des populations d’où découle en partie l’épidémie mondiale d’obésité, à l’enfermement individuel dans le numérique nuisant à la vie sociale, à ces facteurs-là et aux autres risques majeurs qui sont susceptibles d’interrompre à terme une lignée telle que la nôtre.