Spartacus
de Howard Fast

critiqué par Folfaerie, le 4 mars 2004
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Une revanche post-mortem
Décidément, j'aime de plus en plus Howard Fast, et son Spartacus est une réussite, un formidable roman centré sur une admirable figure d'homme qu'on oublie pas de sitôt.
le romancier est d'autant plus fasciné par cette légende qu'est devenu Spartacus qu'il écrit son livre en 1951, soit en pleine période de Maccarthysme, dont il fut d'ailleurs une des victimes.

Le roman commence donc par la fin de Spartacus. Le long de la Voie Appienne, qu'empruntent de jeunes Romains oisifs pour se rendre dans leurs villas à la campagne, des croix ont été érigées sur lesquelles les derniers esclaves révoltés, crucifiés, finissent de pourrir.

Nous faisons connaissance avec deux personnages qui ont été mêlés au destin de Spartacus : le sénateur Gracchus et le général Crassus qui vont tour à tour évoquer leurs souvenirs. Pas très reluisants d'ailleurs. Rome, bâtie sur le sang, ne peut vivre sans les milliers d'esclaves qu'elle occupe à diverses tâches : le travail dans les mines, où la durée de vie n'excède pas 2 ans, les travaux agricoles, l'entretien des domaines et villas... les enfants sont vendus sur les marchés, les femmes servent de concubines, et les hommes, quand ils ont survécu à tout le reste, sont parfois formés pour être gladiateurs. C'est dans l'école d'un lanista que Spartacus le Thrace, fils et petit-fils d'esclaves, va rencontrer l'amour de sa vie, Varinia une esclave germaine, et ses deux futurs lieutenants, le juif David, le dernier à mourir sur la croix et le Gaulois Crixus, qui tombera sur le champ de bataille.
Ainsi naît la Révolte Servile, en 71 avant J.C., qui fit trembler la puissance de Rome et qui fut le fruit des rêves d'un homme. Durant quelques années les rebelles tiendront tête aux cohortes urbaines et aux légions romaines avant d'être finalement anéanties. Si Spartacus n'a jamais pu réaliser son rêve de fraternité et de liberté, il sema les graines de la révolte et Rome ne fut plus jamais la même.

Le roman de Fast, est donc noir et sanglant, nourri d'espoir pour l'humanité, et constitue donc une violente diatribe contre l'oppression, d'où qu'elle vienne. Le livre est basé sur des faits historiques et une bonne connaissance de la civilisation romaine. Même si les portraits des révoltés sont idéalisés, les Romains sont nuancés, Howard Fast s'est gardé d'un manichéisme primaire. Les historiens aujourd'hui se disputent les origines de Spartacus et il semblerait qu'il ait été légionnaire, plutôt qu'esclave, mais tous s'accordent sur sa fin... et personne ne sait ce qu'il est réellement devenu. Howard Fast s'est donc approprié le personnage pour en faire son héros, lui redonnant vie et chaleur, et c'est là sans doute la plus belle revanche de ce rebelle. Rome, humiliée par cette révolte d'esclaves, a cherché à effacer le nom de Spartacus, persuadée que l'Histoire ne retiendrait pas son nom. Mais il a survécu au cours des siècles, dans le coeur de quelques hommes, et de celui des quelques lecteurs qui songeront, un instant, à cette cruelle destinée, à ce vibrant hommage rendu par un écrivain de talent.
Un livre poignant 10 étoiles

Avec une écriture forte et efficace, l'auteur nous plonge dans l'univers de l'empire romain et des gladiateurs. Il s'agit d'une biographie très romancée et merveilleusement bien écrite. On est rapidement plongé dans le contexte. On s'y croirait en lisant ce livre. En plus d'être instructif, cet ouvrage est vraiment poignant. Il n'est pas courant qu'un ouvrage biographique puisse autant faire frémir le lecteur. Ça se lit vraiment comme un roman.
Il s'agit d'un livre très fort.

Breig - - 56 ans - 31 août 2014


Spartacus 6 étoiles

Je n'ai pas beaucoup aimé ce roman. Je suis un grand amateur du monde romain mais là, je n'ai pas trop embarqué. J'ai toujours eu de l'admiration pour ce héros quasi-légendaire qu'était Spartacus mais dans ce livre, j'étais indifférent. Je n'ai pas aimé la façon dont c'était écrit. J'aurais mieux aimé un histoire continue plutôt que de bouts entrecoupés par des riches romains insignifiants.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 25 août 2012


un livre formidable 10 étoiles

Oui, "Spartacus" est non seulement un livre exceptionnel, mais il faut voir dans quelles conditions il a été écrit et publié. Fast était alors sur les listes noires des interdits de publications, à l'époque du maccarthysme. Après avoir fait quelques mois de prison, il dut lancer une souscription pour publier son livre quasiment à compte d'auteur. Et publier "L'ange déchu" et ses polars sous un pseudonyme...
J'ai lu "Spartacus" pour la première fois à quinze ans, je l'ai relu deux fois par la suite, et il tient toujours le coup. Fast a traité du problème de l'esclavage aussi dans "La route de la liberté" qui se passe juste après la Guerre de sécession.
Et le film qui en a été tiré par Kubrick est un des meilleurs peplums.

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 3 juin 2012