Le sang du renard
de Minette Walters

critiqué par Gldoepcc@voila.fr, le 4 mars 2004
( - 73 ans)


La note:  étoiles
DES VOYAGEURS À NOTRE PORTE
Extrait du livre
Les pentes vallonnées de la route des Crêtes du Dorset abritent le plus grand campement illégal de l’histoire de notre comté. La police estime que près de deux cents camping-cars et plus de cinq cents routards et gens du voyage se sont rassemblés pour une rave dans le cadre pittoresque de Barton Edge à l’occasion de ce week-end prolongé. Le littoral jurassique du Dorset, site qui devrait être prochainement inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité, se déploie dans toute sa splendeur depuis les fenêtres du bus psychédélique de Bella Preston. À gauche les falaises majestueuses de Ringstead Bay, à droite l’escarpement prodigieux de Portland Bill, en face le bleu éblouissant de la Manche.
« C’est la plus belle vue de toute l’Angleterre », nous a déclaré Bella, 35 ans, entourée de ses trois petites filles. « Les gamines adorent cet endroit. On vient passer l’été ici chaque fois qu’on peut. » Chef de famille monoparentale, Bella est originaire de l’Essex et se dit « travailleuse sociale ». Elle a été l’une des premières arrivées. « On a parlé de cette rave quand on était à Stonehenge, en juin, pour le solstice. La nouvelle a circulé, mais on ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde. »
La police du Dorset s’est inquiétée en constatant la densité insolite de la circulation sur les routes du comté hier matin. Des barrages ont été mis en place sur toutes les voies d’accès à Barton Edge pour essayer d’éviter l’invasion, ce qui a provoqué une série de bouchons, longs de huit kilomètres pour certains. On imagine l’irritation de la population locale et des vrais touristes pris au piège. Les véhicules des itinérants ne pouvant faire demi-tour sur le réseau routier secondaire fort étroit du Dorset, les autorités ont finalement décidé d’autoriser ce rassemblement.
Will Harris, cultivateur de 58 ans dont les champs ont été investis par ces campeurs illégaux, ne décolère pas. Il accuse la police et les autorités locales d’inefficacité et de négligence « Figurez-vous que je risque des poursuites si j’interviens pour défendre mes terres », fulmine-t-il. « Ces types là détruisent mes barrières et mes récoltes, mais si je me plains et s’il y a du grabuge, c’est sur moi que ça retombe. Elle est belle, notre justice ! »
Sally Macey, 48 ans, déléguée des autorités locales chargée des relations avec les gens du voyage, nous a confirmé hier soir qu’une injonction officielle de quitter les lieux a bien été adressée aux itinérants. Mais elle reconnaît l’inutilité de telles mesures. « Ils savent que la police n’intervient pas avant sept jours d’occupation illégale », dit-elle. « Généralement, ils se mettent en route juste avant l’expiration de ce délai. Entretemps, nous leur demandons de s’abstenir de tout comportement menaçant et de veiller à déposer leurs déchets aux endroits expressément désignés. »
Une précision qui n’a guère convaincu Mr Harris ! Il nous a montré les sacs-poubelle entassés à l’entrée de sa ferme. « Il va y en avoir partout demain, quand les renards auront éventré les sacs. Qui va payer la remise en état de tout ça ? Un fermier du Devon en a eu pour 10 000 £ de frais de nettoyage après un campement deux fois moins important que celui-ci. »
Bella Preston fait preuve de compréhension. « Si j’habitais ici, je ne serais pas contente non plus. La dernière fois qu’on a organisé une rave de cette importance, deux mille jeunes des villes voisines nous ont rejoints. Je ne vois pas pourquoi ça ne recommencerait pas. On va faire de la musique toute la nuit. Un boucan d’enfer. »
Un porte-parole de la police confirme : « Nous avertissons la population que la nuisance sonore va durer tout le weekend. Malheureusement, nos moyens d’intervention sont plutôt limités dans ce genre de situation. Notre priorité est d’éviter tout affrontement inutile. » Il a ajouté que l’on attendait effectivement un afflux de jeunes de Bournemouth et de Weymouth. « Une rave en plein air et gratuite, ça att
drôle de drame... 10 étoiles

Une énigme bien ficelée, dans l'Angleterre profonde, loin des brouillards londoniens et de Jack l'Eventreur. Des meurtres inexpliqués, des coups de téléphone anonymes, des rumeurs, et la présence inquiétante d'un camp de "minorités non sédentarisées", il n'en fallait pas tant pour troubler la quiétude de ce petit village déserté du Dorsetshire. Le mystère va s'épaissir autour de l'étrange famille du colonel James Jolly-Renard, reclus dans son manoir en compagnie de son notaire et fidèle ami Mark Ankerton. Un petit air d'Agatha Christie (l'énigme, la recherche du coupable entre des personnages connus ou que l'on croit connaitre, les secrets de famille bien gardés au chaud) mais aussi de Fred Vargas (l'atmosphère étrange à la limite du fantastique, les humains qui se prennent pour des animaux). Bref, un cocktail réjouissant, qui se lit d'une traite et donne sacrément envie de lire le suivant...

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 9 octobre 2010