Les Amours d'Odon et Fulvia
de Edith Wharton

critiqué par Saule, le 9 août 2016
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Le premier roman de Edith Wharton
C'est le premier roman de Edith Wharton (hors nouvelles et livres de non-fiction), écrit en 1902 mais qui n'avait jusqu'à présent pas été traduit en français. Il s'agit d'une grande fresque romanesque, très détaillée, dont le cadre est l'Italie du 18ème siècle. Wharton y met en scène un jeune homme appelé à gouverner et qui, influencé par les idées nouvelles venues de France, celle des lumière, désire libérer son peuple de la servitude à la religion et à la féodalité. Mais il se heurte à une résistance, y compris de son peuple, dont il n'avait pas compris l'attachement à l'ordre ancien et à la religion.

Dans ce cadre philosophique et touristique (car Wharton fait étalage de sa connaissance de l'Italie et de son goût très sûr pour l'art et la beauté des paysages) est aussi "plaquée" une histoire d'amour : c'est en effet grâce à une jeune belle fille que notre héros est exposé aux idées philosophiques nouvelles. Comme souvent chez Wharton, cela ne vient pas sans un dilemme entre l'amour et le devoir de se plier à sa condition.

On raconte que Henry James, l'ami de Wharton, à la lecture de ce roman, l'aurait encouragé à continuer sur cette voie mais de placer ses prochains romans dans un cadre plus proche du sien. Wharton vivait dans la haute société américaine à la belle époque, et elle utilisa donc ce cadre pour ses futurs romans. Avec le succès qu'on sait puisqu'elle eut le Pulitzer pour son roman suivant et un succès jamais démenti ensuite.

Même si on retrouve la plume vraiment très belle de Wharton, je pense que ce n'est pas son meilleur roman. En fait il intéressera surtout les inconditionnels de l'auteur (dont je suis), pour lesquels il est indispensable. A noter le travail formidable du traducteur, Jean Pavans, qui a en plus annoté largement le livre en répertoriant les nombreuses références vers les livres sacrés ou les ouvrages de philosophie et de mythologie. Le vocabulaire très riche et cultivé, ainsi que les nombreuses figures de style qui font le charme des livres de Wharton, sont vraiment très bien rendues en français. Je regrette par contre la traduction assez bête du titre, le titre original (The valley of decision) étant une référence à un livre biblique.