Historiquement incorrect
de Jean Sévillia

critiqué par Colen8, le 2 avril 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Sans esprit de polémique
En dépit du titre l’auteur, journaliste spécialisé en histoire, traite dans une écriture simple en citant ses sources, de sujets ayant donné lieu à polémiques politico-journalistiques. Au travers d’une dizaine d’exemples liés à notre histoire contemporaine mais pas seulement, il met en garde contre le manichéisme et les raccourcis, cherche à éviter les amalgames en restaurant le contexte parfois oublié des perceptions concomitantes aux événements pris en compte, rappelle qu’il peut y avoir une vision différente de celles qui tentent de se prévaloir de la doxa actuelle. Quand il s’agit des deux guerres mondiales dont l’esprit d’aujourd’hui a du mal à reconstituer la genèse, les uns applaudiront, les autres s’indigneront, les générations à venir ironiseront sur ces litiges qui leur paraîtront bien petits face à aux drames et aux atrocités subies par 50 millions ou plus de victimes.
Un chapitre est dévolu aux positions du Vatican pendant la IIIe République, puis à celles de Pie XII à partir de son élection en 1939 jusqu’à la fin de la guerre. Il plaide en faveur de ce Pape après les reproches faits à son apparente ambiguïté. D’aucuns l’ont jugé trop indulgent devant la violence du nazisme, incapable de s’être opposé ouvertement à l’extermination de 6 millions de Juifs piégés dans l’Europe centrale du IIIe Reich et dans les pays occupés, peu ému des persécutions envers les catholiques allemands et le christianisme. En attendant un examen historique plus complet des archives du Vatican à ce sujet, des documents et des témoignages sont d’avis contraire.
Plusieurs chapitres sont consacrés à l’histoire des religions monothéistes en France depuis leurs origines respectives, assorties d’une bibliographie conséquente destinée à enrichir la réflexion. L’un porte sur les rapports entre juifs et chrétiens, un autre sur les relations des chrétiens avec l’islam. Sur l’immigration principalement musulmane marquée par une forte progression depuis 30 ans, il explique le recul de l’assimilation traditionnelle entre autres par la reconnaissance du « droit à la différence » interdisant de facto de fustiger le communautarisme et par une différence de nature qui autorise la coexistence entre populations, mais non leur fusion.
Nb : Appartenant aux sciences humaines, l’histoire comporte des incertitudes, une part de subjectivité malgré la volonté de neutralité indispensable pour connaître ou reconstituer des faits passés. Viennent ensuite des interprétations qui diffèrent d’une époque à l’autre ou d’un courant de pensée à l’autre. D’autant que la découverte de documents, de témoignages inédits, d’indices fournis pas les sciences actuelles viennent enrichir le corpus de base. D’autant aussi et on l’oublie, que dans une situation donnée les sources elles-mêmes sont biaisées selon qu’elles proviennent des gagnants plutôt que des perdants.