Les morts sont devenus encombrants
de Myette Ronday

critiqué par Merline, le 25 mars 2016
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Les morts sont devenus encombrants
"Ancien reporter de guerre, Bertie meurt lors d’un séjour à Baden-Baden. A l’entrée de l’autre monde l’attend Edna, la seule femme qu’il ait épousée et qui est décédée vingt ans auparavant, avec laquelle il revisionne sa vie en une suite de souvenirs marquants afin de s’en délester à jamais. Sido, sa jeune soeur qu’il considère comme sa fille, vit à Liège dans une maison collective peuplée de personnages étonnants. Elle entreprend seule un long voyage pour aller reconnaître le corps à la morgue et se débat ensuite avec d’invraisemblables formalités, face à des fonctionnaires obtus, pour obtenir de rapatrier le corps, tandis que dans la maison collective surviennent toutes sortes d’événements tantôt navrants, tantôt exaltants, et qu’au journal télévisé le nombre des morts s’accroît sans cesse au gré des attentats, des actes terroristes, des cyclones et des guerres qui n’en finissent pas. Si la plupart des gens vivent aujourd’hui dans un monde clos sur lui-même où l’on pense les mêmes pensées et désire les mêmes désirs, en revanche les personnages de Myette Ronday évoluent toujours dans un univers multiple où les frontières ne sont pas bien définies entre le réel et le rêve, l’ordinaire et l’occulte, le naturel et la magie, et cela grâce à une écriture subtile, inventive et enjouée. Au contraire d’être morbide voilà un roman pétri d’humour, de tendresse et de compassion, qui traite de la nécessité de se renouveler en retrouvant le plaisir qu’il y a dans la vie même."
"Les Morts sont devenus encombrants", une belle lecture qui, à coup sûr, sort de l'ordinaire 8 étoiles

Je vous recommande vivement “Les Morts sont devenus encombrants” de Myette Ronday, un roman ponctué par l’alternance, chapitre après chapitre, entre le monde réel et le monde “d’après” tel qu’imaginé par l’auteur.

Dans l’univers d’ici-bas, un immeuble à Liège, univers pétillant où se côtoient des personnages hauts en couleurs. Des êtres vivants “ordinaires”, d’autres dotés de dons paranormaux, d’autres encore relevant carrément du fantastique, de l’imaginaire, mais tous en questionnement, en mutation. Jacques qui a perdu son emploi, Nina qui communique avec les esprits et cherche quelqu’un pour prendre sa relève, Séraphie, un ange qui remet en question sa condition,... Et enfin, Sido, l’héroïne, qui quitte cet immeuble pour se rendre à Baden-Baden où vient de décéder Bertie, son demi-frère qui l’a élevée et dont elle doit faire rapatrier la dépouille. Ce voyage pour récupérer un mort, c’est aussi l’occasion d’une mise au point sur sa vie, une sorte de chemin initiatique.

Dans l’univers de là-bas, là-haut, l’ailleurs, Bertie qui prend petit à petit conscience de sa condition de “mort”, perdant peu à peu ses sensations d’être vivant. Dans ce passage, cette transition vers l’ailleurs, Edna, son ex-épouse, l’attend depuis 20 ans pour l’aider à “évoluer dans le labyrinthe transparent du temps”. Entre chamailleries et souvenirs refluants, Bertie et Edna se dirigent vers l’étape ultime.

Une sorte de conte sur le cycle perpétuel de la vie et de la mort dans lequel début et fin se confondent à l’infini, donnant naissance l’un à l’autre mais aussi sur la nécessité d’être soi, de vivre pleinement et de parfois devoir ainsi se “re-chercher”.

Une histoire surprenante, rythmée, remplie d’émotion mais aussi de fantaisie, d’humour. Loin d’être noire, elle est vivifiante, débordante d’espoir grâce à la plume inventive, colorée de l’auteur.
Une belle lecture qui, à coup sûr, sort de l’ordinaire.

BlueOpal - - 61 ans - 4 avril 2016