La mue de l'hermaphrodite
de Karoline Georges

critiqué par Libris québécis, le 22 mars 2016
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Les Enfants de la science
Ce roman est résolument moderne. Qu’adviendra-t-il des enfants nés des avancées de la science en génétique. La contraception technologique donnera-t-elle in-extenso une humanité plus enviable ?

Karoline Georges met en doute cette possibilité. Hermany, son héros ou héroïne, est un hermaphrodite nourri aux psychotropes. Si l’on se fie aux champs de maïs envahis par le pavot et au nombre de serres hydroponiques, ces produits affecteront certes l’espèce humaine. Les plaisirs de la conception in erecto laisse la place à une conception technique, qui angoisse les parents devant des moyens plutôt aléatoires.

Fruits des hasards de la science, les enfants seront-ils chosifiés ? Puisque la science les a créés, pourquoi ne s’en débarrasserait-elle ? Ce roman entraîne un corollaire, soit l’euthanasie obligatoire si leur inutilité dans la vie devient un signe de péremption, comme c’est le cas pour Hermany. Que réserve l’avenir à l’espèce humaine génétiquement préfabriquée ? Voilà les préoccupations de Karoline Georges, qui se méfie des effets de la science sur la civilisation, tels que le démontre aussi L’Ataraxie, son second roman.

Dans une langue fort ciselée, l’auteure a teinté de poésie un discours alarmant, dont les prémisses sont encore de l’ordre de la spéculation. L’œuvre enrichit la liste thématique, mais elle risque fort de ne pas franchir le seuil des chapelles littéraires à cause de ses qualités trop formelles.