Variations énigmatiques : Golden Joe - Le Libertin
de Éric-Emmanuel Schmitt

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 29 février 2004
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Réussite, amour, morale
Me voilà à nouveau séduite par Eric-Emmanuel Schmitt ! Trois pièces de théâtre s’enchaînent, avec, il m’a semblé, un fil rouge : le bonheur.

Golden Joe est parfaitement content de lui-même : il dirige la banque de feu son père, ne compte plus ses millions gagnés en bourse, a une petite amie qui se charge de les dépenser pour lui (ce qu’il apprécie car elle rend l’abstrait concret) et a banni l’épithète « humain » de son être ! Quelques rencontres dramatiques vont faire s’écrouler le cours de ses certitudes et le faire accéder, petit à petit, à un autre idéal.
C’est la pièce la plus naïve des trois, la métamorphose du héros n’étant pas tout à fait crédible. Si je possède une bibliographie correcte, c’est également la première pièce publiée par Schmitt, ceci expliquant peut-être cela…

Qui n’a pas entendu parler d’Alain Delon et de Francis Huster dans « les variations énigmatiques »… Je n’ai pas vu cette réalisation, mais j’ai adoré la pièce en elle-même. C’est l’histoire de l’affrontement de deux hommes : Abel Znorko, écrivain réputé qui vit à l’écart de tous sur île et Erik Larsen, journaliste qui s’est vu accepter une interview. Le sarcastique Znorko, le froid Znorko, le cynique Znorko ; le gentil, le naïf Erik… Enfin, c’est en tout cas comme cela au début. Puis les rôles sont moins nets, s’inversent, Larsen provoquant un inconfort, comme l’effet du même nom, puis une sensation franchement désagréable pour les oreilles. Schmitt parsème son texte de quelques définitions de l’amour et de la tendresse qui valent le détour…

Diderot est le libertin de la troisième pièce, pièce que Schmitt écrit la même année où il publie un essai sur le philosophe. Rousseau vient de lui faire faux bond : il n’écrira pas son article qui devait paraître dans l’Encyclopédie. Qu’à cela ne tienne, Diderot le remplacera. Mais comment écrire un article sur la morale quand on est interrompu par sa femme qui se plaint d’être l’épouse la plus trompée, et quand on a dû cacher vite vite sa dernière conquête dans une anti-chambre…

Voilà du théâtre qui fait réfléchir, sourire aussi…
Pour Le Libertin 7 étoiles

Golden Joe est une pièce de théâtre librement inspirée d’Hamlet qui ne m’a pas convaincue.

Pour ce qui est de Variations énigmatiques, j’ai trouvé ça intéressant, mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser à l’Hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb. Il faudrait que je relise la pièce en essayant d’en faire abstraction.

Enfin, dans ce recueil, c’est Le Libertin qui a retenu mon attention et que j’avais hâte de lire. J’ai voulu lire Schmitt depuis que j’ai vu l’adaptation que j’adore de Gabriel Aghion de cette pièce avec la délirante Josiane Balasko en baronne débauchée (qui n’apparaît pas dans la pièce !) et Vincent Perez en le philosophe Denis Diderot. Diderot est l’hôte des Holbach et se fait faire un portrait par Mme Therbouche. Rousseau ne voulant plus continuer, Diderot doit rendre un article sur la morale pour son Encyclopédie et ça se révèlera plus ardu que prévu. Une pièce délicieuse et remplie de rebondissements ! Ma pièce préférée de Schmitt, vraiment très drôle.

Nance - - - ans - 29 avril 2010


Le talent, ça ne se discute pas 9 étoiles

Eric-Emmanuel Scmitt nous a une fois de plus emmené dans l'univers très particulier qu'il crée à chacune de ses pièces.

J'ai vraiment été perplexe pour ce qui est de Golden Joe, mais elle m'a fait réfléchir, et je suppose que c'était le but.

Par contre, pour ce qui est des Variations Enigmatiques, et du Libertin, j'ai été plus que séduite, et à chaque fin de lecture, je m'arrêtais un instant, soit pour réfléchir, soit pour rire, soit pour rêver.

Je l'aiime !!

Nouillade - - 33 ans - 13 mars 2008


De l'apparente légèreté à la réflexion 8 étoiles

Eric-Emmanuel Schmitt est un auteur dont j'apprécie d'avoir fait récemment la découverte des oeuvres. Le style est enjoué, facile à lire, et qui amène toujours le lecteur ou le spectateur à réfléchir, à vouloir initier le débat. Je m'imagine bien vouloir en discourir en sortant du théâtre pour finir la soirée sur des discussions philosophiques sur les liens amoureux, la famille, les rapports sociaux.
Ces pièces incitent au débat tout en faisant rire. Un peu moins pour Golden Joe.


Golden Joe est une comédie satirique, assez drôle, mais qui m'est apparue assez forcée. L'auteur y caricature à l'excès les banquiers et financiers, qui en perdraient l'esprit de famille et la moindre compassion. Certaines répliques font mouche et sourire. Ca reste assez lourd à mon goût.

Les variations énigmatiques : es mystères de la passion adultère
Un journaliste - ou prétendu tel - vient interroger le Prix Nobel de littérature de son pays, reclus dans son île, et, c'est par un crescendo qui dure tout au long de la pièce, qui naît d'une conversation assez banale avec un misanthrope caractériel pour aboutir à un point de tension finissant en une sorte d'aveu-apothéose, qu'on apprend que le dernier roman de l'écrivain n'est autre que la correspondance qu'il a eue avec un ancien amour, la veuve de son interlocuteur.

L'histoire peut paraître assez convenue, quand elle est rapidement résumée, et la pièce commence de façon fort similaire, sans trop d'originalité. Néanmoins, quelle mise sous pression ! Quelle montée en régime et en volume ! L'intérêt va croissant.

L'effet final est étourdissant : quelle rancune de la part de ce journaliste ! que de névroses chez cet auteur ! quel cocktail explosif et quel bouquet final !

J'écris ces lignes à chaud, mais je doute que mon opinion puisse radicalement changer. J'ai eu l'impression de vivre la pièce et ai tenu à réagir aussitôt. Il me semble bien que cela signifie quelque chose.

Veneziano - Paris - 29 ans - 18 mars 2007


Le Libertin m'a bien plu. Il met en scène Diderot, qui se vautre dans ses contradictions, entre morale et libertinage, ce qui le conduit à se contredire et se faire duper. Cette pièce, jouissive, par des dialogues jubilatoires, se lit facilement et m'a fait bien passer le temps dans mes trajets de métro. Tous les types de désirs et de préceptes familiaux y passent à grande vitesse. Les cartes sont battues de manière de plus en plus involontaire pour ce pauvre Diderot, qui finit in extremis par plutôt reprendre la main. J'ai passé un bon moment.

Veneziano - Paris - 46 ans - 21 mars 2007


Bas les masques 8 étoiles

Je ne suis pas une inconditionnelle de la lecture de pièces de théâtre (je préfère de loin les voir jouées) mais Eric-Emmanuel Schmitt, qui m'avait déjà séduite avec sa trilogie de l'invisible, m'a a nouveau fait passer un agréable moment.
Comme le dit SGP, en plus d'être un théâtre divertissant, c'est un théâtre riche d'enseignement, qui ouvre à la voie à la réflexion et pose des questions pertinentes.
Celle que j'ai le plus appréciée est sans conteste "Les variations énigmatiques". Comme quoi, connaît-on jamais réellement quelqu'un... ?

Féline - Binche - 46 ans - 23 janvier 2005