Le principe de parcimonie
de Mallock

critiqué par Marvic, le 9 mars 2016
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
"Monna Lisa, fugue ou enlèvement ?"
Le ton est donné.
Mallock n'a même pas le temps de visiter son nouveau bureau de la Crim' au 13 du Cloître-Notre-Dame, que Dominique Dublin, son supérieur hiérarchique, l'appelle en urgence pour le vol du plus célèbre tableau du monde.
Arrivé sur place, il ne peut que constater la disparition de La Joconde. La vitre est brisée mais aucune trace d'effraction ; seul témoin possible, Ivo artiste mondialement connu pour ses sphères noires installées dans les endroits les plus célèbres de la planète. Mais celui-ci a reçu une balle dans la poitrine et sa vie ne tient qu'à un fil.
Le mystère est épais et l'enquête se doit de rester la plus discrète possible.
Pourquoi ce tableau a-t-il été volé ? Revente ? Écoulement de copies ? Et surtout qui ?
Mais la discrétion ne sera plus de mise quand le voleur postera une vidéo sur internet, donnant rendez-vous au monde entier pour une diffusion en streaming de ses revendications.
Mallock et son équipe verront apparaître un étrange personnage maigre, au corps déformé, à la voix métallique. "D'abord sa tête, avec un crane allongé vers l'arrière, comme celui des pharaons... puis son tronc. Un dos bossu , et malgré une maigreur osseuse, un gros ventre pointu qui pendait entre ses jambes."
Polichinelle, alias le Dr Ockham va sous les yeux épouvantés de milliers d'internautes, racler la peinture du tableau jusqu'à ce que le peuplier qui servait de support, retrouve sa pureté d'origine.
C'est le célèbre commissaire qui recevra le premier bocal de cet étrange personnage : la peinture du tableau avec l'étiquette "Confiture de Joconde".
Le Dr Ockham fera preuve de beaucoup d'humour dans l'écriture des ses étiquettes.
Car malheureusement, bien d'autres bocaux suivront. Ce seront d'abord des scalps, puis des doigts… l'horreur croîtra au fil du temps.
Le monstre suscite d'abord une espèce d'admiration, de fascination ; il s'en prend à des personnalités médiatiques de peu de foi, des gens de peu de paroles, des profiteurs ; agissant comme une espèce de justicier masqué, luttant contre les faux-semblants et la vanité des hommes.
Mais l'escalade de ses crimes fera passer l'opinion publique de la fascination, à la crainte, à la répulsion puis la terreur.
La suite montrera qu'ils avaient raison de craindre le pire.
Amédée Mallock va faire preuve d'un impressionnant sens de déduction et d'anticipation.
D'abord grâce à une équipe originale de professionnels pointus, de personnages atypiques.
Mais aussi grâce à ses "visions", des cauchemars mais aussi des rêves hallucinatoires et prémonitoires qu'il utilisera pour anticiper les drames et essayer de prendre de l'avance sur le fou criminel.
Et tout ceci dans le décor aquatique d'une crue centennale de la Seine, donnant à la capitale des allures de Venise.

Bien que ce soit le cinquième titre des Chroniques Barbares de l'auteur qui porte le même pseudonyme que son héros, c'est une découverte pour moi. Et quelle découverte !
Tout d'abord, celle du héros Amédée Mallock, personnage original dans sa démarche, très éprouvé par la vie et ses drames personnels, ours au cœur tendre, sorte d'homme tranquille mais terriblement sensible et efficace.
Et puis Mallock, l'auteur, qui utilise une langue poétique et recherchée -ce qui n'est pas forcément la loi du genre-, et surtout qui mène son intrigue à un rythme incroyable, avec un humour presque permanent.

Premier livre de ces Chroniques Barbares que je lis, j'ai craint d'être gênée au début par les renvois très (trop?) fréquents vers les titres précédents. Mais cela n'a posé aucun problème ; cela m'a juste donné envie le précédent "Les larmes de Pancrace" ( 4° Chronique Barbare)
Seul bémol, je ne suis pas fan des scènes sanguinolentes ou gore ; et là, il faut prévenir, comme le signalent les critiques d'autres titres, il y en a certaines à la limite du supportable (pour moi !).
Il n'en reste pas moins que j'ai trouvé dans ce livre, tout ce que j'aime dans les romans policiers : du rythme, de l'humour, des rebondissements. Bref, un roman passionnant.