La Source
de Hubert Mingarelli

critiqué par Tistou, le 8 mars 2016
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Deux hommes, une nuit.
Constante « mingarelienne » dans ce bref ouvrage dont l’illustration a été réalisée par David Rebaud. Deux frères, adultes, George et Renzo, sur l’espace d’une journée.

« Et, marchant légèrement en retrait de Renzo, d’un pas ou deux, George se demandait en regardant là-haut le voile bleu, si c’était la nuit qui s’en allait ainsi en emmenant son bleu avec elle, ou bien le jour qui le poussait devant.
Ensuite il fit plusieurs grands pas pour se rapprocher de Renzo, et il se demanda pour la première fois depuis qu’il était levé, bien avant Renzo, si son idée était bonne de l’emmener là-bas dans les gorges, et si le courage l’accompagnerait jusqu’en haut. »

George et Renzo, sur le théâtre de leur enfance, ont fait le projet, comme un pèlerinage pour George, comme la vérification d’un récit fantasmé pour Renzo, d’aller passer la nuit dans « les gorges ». Les gorges, un lieu où George fut emmené par leur père, dont le récit fut probablement fait maintes fois à Renzo, et où ils ont décidé d’aller passer la nuit.
Ils vont donc partir à l’aube naissante, sac au dos, en stop jusqu’au point de départ des gorges et tenter, pour George, de retrouver un chemin d’accès à une vire peu accessible et dissimulée, une vire où le père avait emmené George.
C’est ce récit qui nous est fait, linéaire, en détaillant à l’extrême la psychologie des deux frères pendant la progression, la recherche de l’accès puis la découverte de la vire. Il ne se passe rien. Rien qu’un moment particulier entre George et Renzo comme peuvent en connaître deux frères en tentant de « rejouer » des épisodes du passé. C’est parfait de vérité et de justesse. Amateurs d’actions trépidantes, s’abstenir !