Rue des Macchabées
de San-Antonio

critiqué par Killing79, le 27 février 2017
(Chamalieres - 45 ans)


La note:  étoiles
Friandise sympathique
Rien de tel qu'un peu de distraction quand on se les rase dans la queue de la Poste. Qu'un petit vioque écrive " Au secours " sur un talon de chèque (de 1 million, excusez du peu !), puis s'en aille gentiment clamser dans sa bagnole, voilà qui vous réconcilie avec la vie. L'Ange du Bizarre a de ces trucs pour raviver les matins mornes... Et question bizarre, San-Antonio sera gâté : une poignée de suspects que la franchise étouffe, des concierges étrangement peu concierges, une tête de mouton cramée... Il y a des jours où les macchabées ne savent plus quoi inventer !


Mon avis: Se lancer dans un San Antonio, c’est déjà voyager dans le temps. Pour cet épisode, on se retrouve au milieu des années 50. Dans cet après-guerre, on est alors confronté aux pensées et aux pratiques inhérentes à cette époque. Le commissaire est homophobe, raciste, misogyne et en plus il fait partie de la Police, ce qui lui permet d’être arrogant et parfaitement sans gêne. C’est donc un personnage principal qui pourrait avoir du mal à s’imposer dans le monde moderne. Mais remis dans son contexte historique, avec tous ces défauts, le désinvolte San Antonio se paye le luxe d’être plutôt sympathique. On le suit dans ses investigations avec un petit sourire coincé au coin des lèvres. Parce que ce commissaire atypique est vraiment drôle ! Que ce soit dans les dialogues ou dans les situations qu’il rencontre, il se dégage une cocasserie vraiment communicative. On se sent bien à ses côtés et on se marre… tout simplement !

Se lancer dans un San Antonio, c’est aussi rencontrer une littérature, un langage singulier. La gouaille de l’auteur et son vocabulaire argotique pourront d’ailleurs en rebuter certains. Pour ma part, malgré un tas de termes que je découvrais, j’ai trouvé ma lecture fluide et agréable. Le sens des mots se devine facilement et n’entrave pas le fil des événements. Cette manière de s’exprimer donne même au récit une musique aussi originale que conviviale.

C’était ma première expérience avec Frédéric Dard. Je n’oublierai pas ce jour où j’ai rencontré mon premier San Antonio. Le style est le point fort de ce roman et en fait un objet hors normes qui va marquer ma mémoire. J’ai pris ce livre comme une courte pause joyeuse dans mes lectures un peu plus « sérieuses ». Je relirai donc sûrement un autre San Antonio, le jour où j’aurai besoin de détente ou d’une petite friandise sans prise de tête!