Un ouvrage, oui. Car j’ai du mal à trancher entre le définir comme un roman ou comme recueil de quatre (très) grosses nouvelles, reliées les unes aux autres par le biais du personnage principal – on ne va pas dire héros – Frank Bascombe.
Ancré dans l’actualité du XXIème siècle puisque ces grosses nouvelles se situent sous l’ère Obama, qui vient d’être réélu pour son second mandat, et peu après le passage de l’ouragan « Sandy » qui ravagea en octobre 2012 notamment la côte est des USA et dans notre cas précis le New Jersey. Oui, en fait cet ouvrage est clairement identifié comme se situant à la toute fin 2012 ou le tout début 2013.
Frank Bascombe n’est pas un inconnu dans l’œuvre de Richard Ford. Journaliste sportif, éphémère romancier (un roman !) puis agent immobilier il a déjà fait les beaux jours de « L’Etat des lieux » ou « Un week-end dans le Michigan » par exemple. Il est maintenant retraité et les quatre grosses nouvelles sont l’occasion pour Richard Ford de disséquer son personnage (lui-même ne doit pas être loin !) et la société américaine middle-class du New Jersey.
Car Richard Ford est un véritable entomologiste. Une fois Frank Bascombe sous l’objectif de son « microscope », placé dans une situation bien définie, Richard Ford est capable d’analyses passionnantes et éclairantes. Oh, il ne se passe pas grand-chose – amateur d’action, passe ton chemin ! – mais quelle finesse, quelle intelligence !
Dans la première nouvelle Je suis là, celui qui lui a acheté sa maison, une maison sur la plage, sept ans auparavant, et qui se retrouve avec une ruine ravagée par l’ouragan qui vient de sévir, lui a demandé de venir voir sur place pour lui demander conseil en tant qu’ancien agent immobilier.
Dans la seconde Tout pourrait aller beaucoup plus mal c’est une ancienne occupante de sa maison actuelle qui sonne à sa porte pour revoir les lieux où elle a vécu son adolescence, et un drame par la même occasion.
Dans la troisième La nouvelle norme il est question de sa relation ambiguë avec Ann, son ex avec qui il a eu ses deux enfants et qui revient finir sa vie dans la même ville, affectée qu’elle est de la maladie de Parkinson.
Dans la quatrième La mort des autres c’est un ancien ami, perdu de vue, qui se rappelle à son bon (?) souvenir alors qu’il est à l’article de la mort.
Tout est traité avec une rigueur mais un humanisme aussi qui forcent le respect.
Ford, c’est … fort !
Et on peut dire un mot de Josée Kamoun, sa traductrice, parce que traduire Richard Ford dans sa finesse, avec cette fluidité, c’est remarquable.
Tistou - - 68 ans - 20 février 2025 |