La Tempête
de William Shakespeare

critiqué par Duncan, le 24 février 2004
(Liège - 43 ans)


La note:  étoiles
Un vrai Tsunami !
Pièce de William Shakespeare, "The Tempest" est ce que l'on appelle un classique.

Doublement: d'abord parce que la pièce fait partie de ce répertoire... ensuite parce qu'elle suit exactement les règles classiques de "l'unité" . Tout se passant en quelques heures sur une île...

J'ai lu la tempête après avoir lu "Brave New World" d'Huxley... car cette oeuvre y est sans cesse citée. J'étais donc fort curieux de ce texte qui me semblait fort riche... L'intrigue est assez simple ( car tout ceci n'est qu'un prétexte pour une merveilleuse allégorie ... dans laquelle les critiques se perdent en conjectures... ): la vengeance de Prospero, roi déchu, qui avec l'aide d'Ariel, génie des vents, enferme ses ennemis dans une violente tempête...



Prospéro :

"Nos divertissements sont finis. Ces acteurs, j'eus soin de vous le dire, étaient tous des esprits.

Ils se sont dissipés dans l'air, dans l'air subtil. Tout de même que ce fantasme sans assises, les tours ennuagées, les palais somptueux, les temples solennels et ce grand globe même. Avec tous ceux qui l'habitent, se dissoudront.

S'évanouiront tel ce spectacle incorporel. Sans laisser derrière eux ne fût-ce qu'un brouillard. Nous sommes de la même étoffe que les songes. Et notre vie infime est cernée de sommeil ".

Un texte fabuleux je trouve... et une oeuvre assez différente dans le répertoire Shakespearien par ailleurs très fourni en chefs d'oeuvre...
Le théâtre du monde 9 étoiles

Prospero s'intéressait davantage aux sciences politiques qu'à la politique, c'est pour cette raison qu'il a été évincé avec sa fille Miranda par son frère Antonio qui devient donc duc de Milan. Prospero et sa fille vivent désormais sur une île magique, reclus, accompagné du fils monstrueux et fourbe d'une sorcière répondant au nom de Caliban.

L'heure de la revanche a sonné : Prospero, accompagné de l'esprit de l'Air Ariel, va engendrer une tempête qui provoquera le naufrage d'un grand navire sur lequel se trouve le frère traître de Prospero. Antonio n'est pas seul ! L'accompagnent Alonso le roi, Sébastien son frère, Gonzalo l'honnête vieux conseiller ... Prospero devient le double de Shakespeare et s'affirme comme le metteur en scène des mésaventures des divers personnages : Certains sont endormis par des envoûtements, d'autres croient avoir perdu un proche, un banquet fabuleux apparaît en pleine nature, des créatures merveilleuses habitent ce cadre mystérieux où la réalité et les apparences s'entremêlent ( la grotte rattachée à Prospero n'est pas sans rappeler le mythe de la caverne de Platon ).

La vengeance de Prospero suit son train, secoue les personnages, fait tomber les masques au rythme des ensorcèlements, des scènes farcesques et des jeux malicieux d'Ariel qui n'est pas sans rappeler Puck du Songe d'une nuit d'été ! Cette pièce fait rire et enchante par la magie des répliques imagées du dramaturge.

Cette pièce est une véritable féerie, où le complot politique et les liens familiaux se révèlent souvent absurdes et tissés de mensonges. Ces personnages fictifs sont comme les hommes, de simples comédiens. Le monde est une grande scène de théâtre et Shakespeare un superbe metteur en scène qui joue avec nos émotions en tirant les ficelles savamment cachées.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 16 octobre 2011


Tempête dans un aquarium 7 étoiles

Echoué sur une île avec sa fille après avoir été exilé de Milan, Prospero y a appris la magie et domine les éléments avec Ariel, esprit de l'air. Il a pour valet le monstrueux Caliban, fils de la sorcière Sycorax. L'usurpateur Antonio passe en bateau avec le roi de Naples et quelques autres : voici l'occasion rêvée pour se venger, ou tout du moins remettre les choses dans l'ordre. Ayant dispersé les naufragés en différents points de la côte, Prospero va tirer les ficelles pour parvenir à ses fins.
C'est distrayant, ce doit être amusant à voir au théâtre si le metteur en scène fait un effort sur les décors et effets spéciaux, mais l'intrigue est simpliste, tous les événements manipulés par Prospero peu crédibles, et les revirements psychologiques de la fin, où tous consentent à renoncer à leurs complots et trahisons, irréaliste.
Je n'ai pas réussi à voir ce qui se cachait derrière, quelle était l'intention cachée, ni à trouver nulle part d'explication satisfaisante.
Reste que c'est un incontournable de la littérature mondiale qu'il faut connaître pour saisir les références.

Romur - Viroflay - 51 ans - 23 octobre 2008


Quand Shakespeare inspire Beethoven 9 étoiles

Pour ma part, j'ai lu "La Tempête" à cause de Beethoven, et plus précisément sa sonate pour piano no 17 dite "La Tempête" parce que Beethoven fut inspiré par la pièce de Shakespeare au pendant qu'il la composait.

Et c'est une pièce singulière: en comparaison d'autres pièces de Shakespeare, il ne s'y passe pas grand chose. Le mage Prospero fût autrefois dépossédé de son trône et contraint à l'exil. En compagnie de sa fille, il s'est réfugié sur une île dont les seuls autres habitants sont Ariel, génie des vents, et le monstrueux Caliban, l'occupant légitime de l'île, une sorte d'incarnation du mal enchaîné par Prospero et tourné en ridicule chaque fois que le besoin d'un intermède comique se fait sentir...
Mais voilà que l'ennemi de Prospero, l'homme qui l'a trahi et qui lui a volé sa couronne, tombe en son pouvoir... Et c'est là que se pose la seule question de la pièce: Prospero va-t-il se venger? ou bien va-t-il finalement pardonner la trahison et les longues années d'exil et de solitude qu'il a dû endurer? Et c'est alors que "La Tempête" nous emporte dans un maelström de sentiments confus et contradictoires: entre la vengeance et la pardon, l'amour et la haine, le bien et le mal... Les gens sont-ils ce qu'ils semblent être: Prospero le mage est-il si sage qu'il voudrait nous le laisser croire et est-il si irréprochable? Et Caliban est-il vraiment un monstre? (Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on le traite bien cruellement tout au long de la pièce... alors que sa faute première est d'être le fils de sa mère...)

Conte merveilleux ou fable morale (mais avec quelle morale?), "La Tempête" se refuse à toute interprétation facile... ou bien elle suscite des interprétations à la pelle! (la sonate de Beethoven aussi, mais c'est une autre histoire...)

Inépuisable...

Fee carabine - - 50 ans - 4 juillet 2004