Les Aventuriers de la République: Ces francs-maçons qui ont fait notre histoire
de Laurent Kupferman, Jacques Ravenne

critiqué par Colen8, le 6 janvier 2016
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Dans l’antichambre des valeurs républicaines
On est loin des rumeurs sulfureuses propagées par les nostalgiques de la monarchie. Importée d’Angleterre au 18ème siècle, la franc-maçonnerie s’est vite répandue en France. Elle a accompagné les Lumières en offrant par les loges un espace plus libre d’échanges d’idées et de débats où se sont forgées des valeurs faisant partie aujourd’hui du socle républicain. Ces lieux d’initiation ont popularisé des idées très nouvelles : sur la démocratie et la nécessité du suffrage universel, sur la liberté de la presse, sur l’abolition de l’esclavage puis de la peine de mort pour raisons politiques. En encourageant la liberté de penser, ils ont favorisé l’émergence de l’égalité de droits y compris pour les femmes, celles d’une instruction gratuite, obligatoire et laïque, d’une justice sociale, d’une séparation de l’Eglise et de l’Etat.
C’est vif, c’est clair, distrayant, on lit avec plaisir cette vingtaine de courtes biographies d’hommes – une seule femme en fait partie – ayant été « frères » comme ils se désignent entre eux. Leurs destins imprévisibles ont souvent ont accompagné les révolutions de la grande Histoire en faisant valoir leurs idéaux puis leurs engagements. Précédés par Montesquieu, les contemporains de la Révolution y prennent une part active, celle-ci étant devenue selon les auteurs, inévitable : « le déficit financier de la France était abyssal, l’incurie et la corruption des classes dirigeantes de plus en plus insupportables ».
On a donc des portraits de La Fayette parti se faire un nom en Amérique, du chevalier de Saint-Georges fils d’une d’esclave antillaise, de Choderlos de Laclos l’homme des basses œuvres, de Marat peint assassiné dans sa baignoire par David, lequel malgré des mains tachées de sang sut opportunément se rétablir en se glissant dans le sillage montant d’un petit général nommé Bonaparte, de Fouché le bourreau de Lyon et de quelques autres. Sous la IIIe République, justice est rendue au préfet Léon Bourgeois, prix Nobel de la Paix qui aura pensé la Société des Nations pour prévenir les conflits armés, défendu la création d’un impôt sur le revenu pour garantir des droits à la protection sociale et favoriser la solidarité intergénérationnelle.