L'inconsolé
de Kazuo Ishiguro

critiqué par ARL, le 29 décembre 2015
(Montréal - 38 ans)


La note:  étoiles
Un livre inconsolant
Il est assez rare qu'un livre de 900 pages que j'ai traîné pendant deux mois me laisse sans émotion. Pourtant, le sujet m'interpelait beaucoup. Un pianiste émérite du nom de Ryder arrive dans une ville sans nom de l'Europe de l'Est où il doit donner un concert censé redorer le blason artistique de l'endroit. Malheureusement, les habitants s'accrochent sans cesse à lui pour qu'il leur rende de menus services qui l'empêchent de se consacrer à son art.

On s'aperçoit rapidement que l'histoire se situe dans un univers kafkaesque qui obéit à la logique du rêve et où les réactions des personnages sont improbables. Ryder, qui est supposé mettre les pieds dans cette ville pour la première fois, y a pourtant un fils et une femme qu'il ne semble nullement surpris de retrouver. L'architecture de la ville n'a aucune structure logique. Les habitants semblent tout à fait imperméables aux réticences de Ryder qui lui paraît incapable de refuser quoi que ce soit.

Certains passages sont amusants et le livre est admirablement bien écrit. Le problème, c'est que le personnage de Ryder intéresse peu et que son mutisme devant les dérangements interminables qu'il endure devient lassant. Sur 200 pages, le projet aurait tenu. Mais sur 900, c'est assez difficile de trouver une raison de continuer, en dehors de la beauté de l'écriture et d'une volonté de savoir si Ishiguro nous conduit vers un grand dessein qui nous échappe. Malheureusement ce n'est pas le cas, et j'ai fermé le livre sans rien ressentir.