Demeures de l'esprit - France V : Ile de France
de Renaud Camus

critiqué par Alceste, le 27 décembre 2015
(Liège - 62 ans)


La note:  étoiles
Une Île-de-France habitée
Dans son « Journal », Renaud Camus explique combien la rédaction des articles de ses Demeures de l’esprit lui coûtait de recherches et donc de temps, alors qu’ils étaient destinés au départ à n’être qu’un compte-rendu d’agréables visites touristiques.

Et on le comprend en lisant ces articles qui constituent chacun une véritable monographie sur l’occupant de la demeure, riche de précisions généalogiques, géographiques et autres.

On y trouve bien sûr une description de la demeure elle-même, de ses dépendances, et des traces qu’on peut y trouver de l’ « être-là » de l’artiste en question, avec en arrière-fond la question lancinante de savoir si elle ne s’est pas exagérément « muséifiée », c’est-à-dire aseptisée et envahie d’éléments extérieurs.

En guise d’illustrations, des photos de l’auteur lui-même, miraculeusement préservées de tout stigmate de la modernité. S’il échet, l’auteur mêle des souvenirs personnels.

En filigrane apparaissent des remarques douces-amères sur l’état actuel de la langue, des paysages, et de la fortune critique des artistes convoqués, autant de chevaux de bataille de Renaud Camus, enfourchés ceci dit avec la plus extrême délicatesse.

L’intérêt de cette collection est de ne pas se cantonner aux traditionnelles maisons d’écrivains mais de s’intéresser à tout type de créateurs : de nombreux peintres (Derain, Rosa Bonheur, Daubigny, Foujita,…), un homme politique (Léon Blum), un musicien (Ravel), un chirurgien (Ambroise Paré) et même un philanthrope comme Louis Braille. La condition pour figurer dans le recueil est d’avoir produit une œuvre, écrite si possible.

Au terme de chaque chapitre, deux envies nullement incompatibles gagnent le lecteur : se précipiter sur les lieux pour y vérifier la présence de l’esprit, ou se plonger dans l’œuvre qui en est issue.