La misère à Liège
de Joseph Schetter

critiqué par Catinus, le 20 décembre 2015
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Excellents témoignages
Dans la préface, Joseph Schetter nous dit : « D’une part, j’ai décrit ce que j’ai vu et rapporté fidèlement ce que j’ai entendu ; d’autre part, je me suis instruit de ce qu’on fait à Liège pour aider les miséreux. ». Le livre date de 1932-1933.
Nous errons en effet, en ces années 1930, à travers toute la ville de Liège et nous découvrons où se retrouvent les « miséreux » et où ils sont secourus. Citons pour l’essentiel :

- A l’aubette du Paradis, près du Pont de commerce, soit l’actuel Pont Albert.
- Chez les Filles de Saint-Vincent de Paul, place Xavier Neujean.
- A l’Armée du Salut, rue des Clarisses n° 50
- A la Conférence de St-Vincent de Paul
- Au Pont Neuf (assistance publique)
- Au site désaffecté de l’exposition du centenaire (1930)
- Rue St-Laurent

Joseph Schetter interview les responsables des secours religieux et publiques, discute avec les vagabonds, les sans-abris, les « miséreux », les laissés pour compte suite au crack financier de 1929.
Vous pouvez trouver ce livre, par exemple, à la bibliothèque des Chriroux à Liège.


Extraits :


* C’est à ce moment-là que j’ai compris combien le pauvre était riche auprès du miséreux.

* Et ce serait la fin de vos tourments, « Clochards », « Ventre-creux », « Sans espoir », « Empereur du Pavé », « Princes du Bitume », « Cherche-Pieu » qui vous nourrissez de vent et de la lumière des étoiles.

* A cet homme, je demande si je peux revenir le dimanche. Tout d’abord, il ne me répond pas puis : « - Oui ! Mais faut aller à la messe… »
« - Où ça ? »
« - On le dit le samedi … Des fois c’est à Saint-Jean, d’autres fois c’est à la Cathédrale ! … Après la messe on remet un bon et puis l’on revient ici. En échange du bon, on vous donne du pain. Faut venir !...
Je dis « j’irai «, mais je n’irai pas, parce que dimanche je ne serai plus un gueux. Je me promets cependant d’aller à la messe pour observer ces pauvres soumis, habitués à se conformer aux caprices de la volonté des gens charitables.
On ne respecte pas la conviction du pauvre. Il n’a pas le droit d’être juif, protestant, musulman ou simplement libre-penseur. Pour ceux qui ne croient pas, la nourriture du dimanche doit leur passer sous le nez. Ils peuvent donc manger pendant six jours et ne pas le faire le septième … C’est dans l’ordre évangélique.