Cromwell
de Victor Hugo

critiqué par Romur, le 19 décembre 2015
(Viroflay - 51 ans)


La note:  étoiles
Un bonheur à lire
Cromwell est sans doute le personnage le plus controversé de l’histoire d’Angleterre. Pour mémoire : issu de la petite noblesse, rallié à une forme particulièrement stricte du puritanisme, il se distingue pendant la guerre civile anglaise au milieu du XVIIe siècle jusqu’à prendre le pouvoir quelques années après l’exécution du roi Charles I. La pièce de Victor Hugo s’ouvre en 1658, alors que Cromwell envisage de se faire sacrer roi après avoir accumulé victoires militaires, diplomatiques et politiques.
Le premier acte s’ouvre sur les conspirations visant à assassiner Cromwell : partisans de l’ancien roi ou puritains républicains se mêlent tout en se défiant les uns des autres. Dans les actes 2 à 5 les différents complots progressent avec plus de malheur que de bonheur, échouant par malchance, par la médiocrité ou l’arrivisme des conjurés ou par l’instinct manipulateur de Cromwell. Mêlant lucidité, cruauté, sens politique, ambition et remords, affrontant à la fois la menace de ces ennemis et les problèmes familiaux Cromwell est un héros à la fois repoussant et fascinant.
A la Shakespeare, Victor Hugo mélange tragédie et farce, alternant bouffonnerie et grandeur dramatique. Injouable vu sa longueur, cette pièce est un bonheur à lire, portée avec naturel par le rythme des alexandrins.
Une page sombre d'histoire devenue grandiloquente et tragicomique 9 étoiles

Cromwell, après avoir maté la guerre civile, fait exécuter le roi Charles Ier d'Angleterre, et instaure un régime républicain fort autoritaire, avant de songer à se faire couronner, alors qu'il est originaire de la petite noblesse et qu'il émarge au Puritanisme, forme particulièrement stricte de protestantisme.
Les complots se multiplient, face au renversement des valeurs du pays, après le meurtre du Roi, et atteignent la propre famille de l'austère dictateur aux relents mégalomanes. Ces volontés d'ourdir le malveillant ne manquent pas de volonté, mais semblent à ce point inorganisées et peu coordonnées que les tentatives échouent, Cromwell se maintenant au pouvoir, en renonçant un temps à la couronne.

Cette pièce, fort longue, retrace cette sombre page d'histoire avec emphase, ce qui ne surprend guère de la part de l'auteur, et quasi-tragicomique, via les moult rebondissements et intrigues secondaires qui émanent la narration. Il s'ensuit qu'elle paraît fort vive, voire très mouvementée, à l'image des faits relatés. Cette somme se lit ainsi fort bien et laisse un souvenir dense et énergique.

Veneziano - Paris - 46 ans - 4 avril 2020