Le Miel des anges
de Vangélis Chatzigiannídis

critiqué par Sottovoce, le 20 février 2004
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Premier roman...
...d'un jeune auteur grec, une sorte de conte, narré avec nonchalance et sans à-coups apparents.
Sur une île, un apiculteur misanthrope accepte de partager sa maison provisoirement avec une femme au passé incertain, sur insistance du pope du village.
Elle va le pousser à aller toujours plus loin dans la recherche du miel parfait, le "miel des anges".
Le succès est acquis, mais les conséquences finiront par être néfastes et la vie de cet homme tranquille, ordonné et imperturbable sera chamboulée.
La première partie du livre a beaucoup de charme, on se laisse conduire sans savoir exactement où on va aller, la deuxième est légèrement décevante.
On retrouve les thèmes de l'enfermement, de la folie et le sexe sous un de ses aspects les plus pervers, lié à l'innocence.
Thèmes traités sans donner vraiment de réponse ou de leçon de morale, les personnages étant assez basiques et manquant de psychologie.
Une lecture agréable, avec des surprises au tournant des pages, lorsqu'on s'y attend le moins.
Auteur à suivre 8 étoiles

P. Rodakis avait mis son métier d’apiculteur de côté quand Vayà a débarqué dans sa vie. A la demande du pope du village, il a accepté, lui, le misanthrope, de recueillir une femme en perdition dans sa drôle de maison perdue sur une colline. Vayà a un passé nébuleux, mais P. Rodakis ne s’en soucie pas, même lorsqu’il découvre son enfant caché dans une malle. C’est elle qui, peu à peu, va lui remettre le pied à l’étrier : il vont faire du miel ensemble, et se lancer à deux dans la quête du miel parfait, celui qui est pur comme de l’or, l’Angelico… Non, il n’y aura pas d’histoire d’amour entre eux, juste une envie commune de tendre vers la perfection. Et ainsi s’écoulent les années, sans accroc, sans événement majeur. C’est comme cela que commence « Le miel des anges », dans une simplicité désarmante, lumineuse, presque surréaliste. Mais peu à peu le roman s’assombrit, car ce miel si indéfinissable attire certaines convoitises, et c’est avec une apparente nonchalance que l’auteur nous plonge dans la déchéance de ses personnages, sans jamais porter de jugement, et tout en déclinant sous toutes ses formes le thème de l’enfermement. Etrange conte initiatique que celui-là, aussi inquiétant qu’envoûtant, et dont un suspense sans intrigue nous tient en haleine tout au long du récit.

Valy_ti - Verviers - 40 ans - 29 décembre 2004


Le miel rend fou 8 étoiles

La douceur d’une île grecque, une terre bénie des dieux et un apiculteur, Rodakis, qui cherche la formule magique pour obtenir le miel parfait, le nectar divin à la couleur de l’or et à la pureté du ciel azur. Le miel des anges. Rodakis donnerait tout pour cela. Un jour le pope lui demande d’héberger une jeune fugitive, pourquoi refuser… Vayà et sa fille Rosà demeurent donc sur l’île, depuis des années maintenant. Vayà est un personnage étrange qui encourage Rodakis à fabriquer le nectar des dieux. L’apiculteur se perfectionne, son miel délicieux attire les curieux d’un peu partout, avides de déguster ne serait-ce qu’une goutte du précieux liquide. Le miel décrit par Vanghèlis Hadziyannidis fait rêver, on le devine doux et enivrant, chaque année meilleur, provoquant une torpeur et un bien-être qui semblent si merveilleux. L’auteur est un véritable magicien des mots ! Les papilles frémissent et les sens sont en éveil, les saveurs du miel se répandant dans l’âme et sur les pages. Lecture gourmande, c’est indéniable.
Ce miel est si bon qu’il finit par susciter la jalousie de quelques moines, cette recette devrait servir l’intérêt de Dieu et pas des hommes. Début d’un parcours chaotique et troublant qui conduira Rodakis dans un monastère terrifiant, doté d’une salle de terreur dans laquelle les moines expient leurs fautes. Rodakis est séquestré, torturé (ces moines peuvent être d’une cruauté…).
Je n’irai pas plus loin, car ensuite prend place l’histoire d’un secret, l’histoire d’une petite fille, du royaume des anges, du grand départ, de l’amour et de la vie. Indescriptibles sous peine de devoir tout raconter en détails.

Je suis sous le charme de la plume de Vanghèlis Hadziyannidis, de la rondeur de ses mots, de son exploration de l’âme humaine, des désirs frustrés, de l’envie, de la jalousie, de l’avidité. Sentiments noirs sur fond de mer émeraude et de miel doré.

Sahkti - Genève - 50 ans - 26 juin 2004