A Christmas Carol : un chant de Noël, un Noël de Carol
de Jacques Sadoul

critiqué par Ellane92, le 27 novembre 2015
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
Joyeux Noël, Carol !
Carol Evans s'ennuie... Elle se rend à New York à la veille de Noël, par curiosité, parce qu'elle n'a rien d'autre à faire et que son père, récemment décédé, lui aurait laissé un héritage. Le rendez-vous chez Dyan Marley, chargée de la succession, se fait au domicile de l'avocate. Mais quand Carol arrive à son rendez-vous, la porte est entrouverte, et son interlocutrice, nue et ligotée, est morte asphyxiée. Selon la police alertée par Carol, il s'agit du 6ème meurtre avec le même mode opératoire. Et qui dit 6 meurtres dit que New York se trouve avec un tueur en série sur les bras.
Bien sûr, Carol est bien décidée à aider la police new-yorkaise, qui se passerait pourtant bien de sa présence, à mettre la main sur le Lady Killer, comme on le surnomme. En farfouillant un peu dans les papiers de la morte, Carole tombe sur des dossiers concernant des promoteurs immobiliers tout sauf réglos et un détective privé véreux. L'un des promoteurs en question, auquel Carol impose une entrevue, a pour maîtresse une belle black. Voilà de quoi motiver notre ex-agent de la CIA, si besoin s'en fallait, de renouer avec l'action et de mettre la main (autour du cou) du Lady Killer !

A christmas Carol est la sixième aventure du cycle de Carole Evans. Dans cet opus, c'est la mécanique du trafic de drogue et de son écosystème qui est mis à bas par une Carole Evans égale à elle-même. Une fois de plus, elle n'hésite pas à fourrer son nez dans une enquête où elle n'a rien à faire, et garde toujours une longueur d'avance sur les forces de l'ordre officielles, grâce à ses méthodes musclées qui ne seraient cautionnées par aucune instance gouvernementale : passage à tabac, chantage, interrogatoires musclés, etc...
Comme toujours avec Sadoul, l'intrigue policière est solidement construite et amenée, cohérente et intelligente. L'utilisation des canons du roman policier classique jure assez avec le personnage principal, fière et libre, qui s'assume en tant que femme, homosexuelle, et portée sur l'action (bien plus que sur la réflexion), le tout sans rechigner à jouer de sa féminité. L'ensemble forme un tout savoureux, dans lequel les propos souvent provocants de Carole Evans, qui cadrent bien avec son personnage, et ses actions, apportent un plaisant contre-poids humoristique à une histoire plutôt sombre et violente.
Bref, c'est réussi, Carole Evans reste un personnage intéressant et sympathique auquel on s'attache, auquel aussi on envie aussi parfois son franc parler tout autant que sa liberté d'action ! Enfin, cerise sur le gâteau, l'évocation de Noël à New York est particulièrement réussie !

Se souvenir aujourd'hui qu'Harlem fut la banlieue chic de la bourgeoisie blanche vers 1830 requiert une imagination exceptionnelle. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale le quartier est devenu une immense zone insalubre et dégradée, presque un bidonville. Pourtant les nouveaux bourgeois noirs tentent de s'y installer depuis quelques années en restaurant les magnifiques maisons brownstones édifiées par les colons hollandais. Il est vrai qu'ils y ont déjà vécu avant la guerre civile, mais comme esclaves.

- Une chose encore, Stuart, pouvons-nous tenir pour acquis que Miss Evans n'était liée à aucun des protagonistes de cette affaire avant son arrivée le 24 décembre ?
- Oh, il n'y a aucun doute, elle est capable de mettre un bordel terrible partout où elle passe en trois ou quatre jours seulement. Mais ne la prenez pas pour le Père Noël, sa hotte ne contient que des cadavres.