Ressources inhumaines: La gestion des gardiens de camp de concentration
de Fabrice d' Almeida

critiqué par DE GOUGE, le 23 novembre 2015
(Nantes - 68 ans)


La note:  étoiles
Un livre qui dérange ...
Cet ouvrage révèle une véritable organisation DRH sous-tendant le maintien dans des conditions "acceptables" du moral des troupes dans les camps de concentration.
Comment permettre à ce monde que tout un chacun reconnaîtra comme "particulier", d'exister ? Comment fut organisé le quotidien, que même un nazi convaincu, pouvait ne plus supporter ?
Ce livre ouvre un horizon, pour moi, insoupçonné : il fallait permettre aux bourreaux d'exister : musique, permissions, jeux, théâtres, repas, congés, droit ou non à la sexualité, tout était codifié, comme dans nos sociétés modernes, pour permettre à ces "encadrants" : petits, moyens ou "gros", d'exister, dans l'idéologie du Parti bien sûr, mais avec une approche quasi-humanisée ...!
De l’attribution de médailles au mariage et au décès : tout était codifié, réglé, sécurisé. Chacun appartenait à un monde dans lequel il devait être le meilleur, avec le droit à de petites infractions ...
Nombre de gens travaillaient à faire en sorte que les acteurs du cauchemar soient heureux (ce qui ne les dédouane en rien).
C'est une approche effrayante de ce qu'une société organisée peut mettre en place pour permettre à l'indicible de devenir une norme.
Ça fait mal, ça fait réfléchir !
A vous de voir !
Une telle découverte douloureuse mérite pour moi 5 étoiles, d'autant que ce livre se lit aisément : pas un ouvrage pour intellos avertis !
Motiver les gardiens de camps de la mort 8 étoiles

Tuer en masse répond à une injonction idéologique, éventuellement à une adhésion personnelle, bien malheureusement, mais, même en ces cas, cette mission ne comprend rien de vraiment facile. Il a donc bien fallu trier sur le volet les responsables de ces exterminations de camps nazis et, plus encore, motiver les troupes. Et c'est cette gestion, ce management de l'horreur, que retrace ce livre.
Le sujet restant évidemment très sombre et rude à avaler, le ton est traité de manière vivante et réaliste, afin de restituer l'état d'esprit général d'une profession de bourreaux en série. Déconcertant, cet ouvrage éclaire sur le fonctionnement des camps, leur recherche de rationalité dans la recherche d'un objectif de traitement de masse de l'extermination. Il est clair et instructif. Il fait également réfléchir de manière utile sur bien des questions.

Veneziano - Paris - 47 ans - 5 février 2025