critiqué par Débézed, le 8 novembre 2015
(Besançon - 77 ans)

La note: étoiles

"Vertige de l'amour"

Anita Vaillancourt, jeune et talentueuse aquarelliste québécoise de quatre-vingt-six ans, livre ici son premier roman, un premier roman qui semble fort inspiré par une nouvelle qu’elle a écrite il y a déjà bien des années, une nouvelle qu’elle avait présentée à un concours qu’elle avait d’ailleurs remporté. Anne Roy, la jeune et brillante aquarelliste du roman ressemble à s’y méprendre à Anne, l’autre aquarelliste, ou la même aquarelliste, de la nouvelle, et Jean Marie le chef d’orchestre prestigieux du roman pourrait être, lui, le violoniste virtuose de la nouvelle. L’intrigue à l’origine de ces deux textes montre combien cette histoire touche l’auteure, combien elle lui est proche, au point qu’on peut s’interroger et se demander si Anne n’est pas, un peu au moins, Anita l’auteure. Il y a une telle sincérité, une telle véracité, dans ces eux textes qu’on peut se poser sincèrement la question.

Dans le roman, Anne épouse le virtuose dont elle est tombée follement amoureuse malgré la différence d’âge sensible qui les sépare, mais le succès rompt la belle harmonie qui s’est installée entre eux pendant plusieurs années, en plaçant l’aquarelliste devant un cruel dilemme : doit-elle privilégier sa carrière en suivant un sculpteur qui lui offre l’opportunité d’exposer à New York et de faire décoller sa carrière, ou doit-elle suivre son mari qui a des engagements importants en Europe ? Un trio d’artistes se constitue, la jeune femme naviguant entre deux amours, deux choix de vie qui ne pourront pas durer éternellement, il faudra bien qu’elle finisse par choisir celui qu’elle aime vraiment et la vie qu’elle souhaite mener.

Dans cette histoire émouvante, débordante d’amour et de sensibilité, le cœur à tendance à prendre le pas sur la raison. On dirait que, pour Anita, un amour c’est trop peu pour remplir toute une vie car on peut aimer jusqu’au bout de sa vie comme à vingt ans. Les amoureux, amants, amis de cœur d’Anne évoluent dans un monde de volupté, de luxe et surtout d’esthétique artistique : Anne est aquarelliste, son mari chef d’orchestre, son amant sculpteur, ils réussissent, gagnent de l’argent vivent dans le luxe et le confort. Et, pourtant, ils connaissent des peines cœurs, des doutes, des errements comme tout un chacun, l’art pourra-t-il les aider à trouver le chemin de la sérénité ?

Ce roman est volontairement un texte d’un grand optimiste, Anita est convaincue que l’amour, la joie, la foi en la vie, l’amitié, la bonne humeur sont les meilleurs remèdes contre la tristesse et la sinistrose. Anita a déjà acquis une certaine expérience, elle a aimé d’amour et d’amitié, elle a beaucoup lu, elle a écrit, elle a surtout peint de magnifiques aquarelles qu’elle expose, et elle croit de plus en plus en la vie et en ses joies. Elle refuse la tristesse, le pessimisme, le défaitisme, les plaintes et les jérémiades qui ne résolvent rien. Le chant d’un oiseau, le vent dans les feuilles et les couleurs qui chatoient dans les fleurs suffisent à nourrir sa joie de vivre. Anita nous avons lu ces chants, ces couleurs, ce souffle dans la poésie de ton texte. Ton romantisme n’est pas désuet, c’est un message d’amour, d’espoir et de liberté : « De cette liberté nouvelle qui offre à la vie une teinte de sérénité et de paix intérieure. Il venait de rajeunir. Il venait de renaître. » Nous aussi !