La révolution du don : Le management repensé à la lumière de l'anthropologie
de Alain Caillé, Jean-Édouard Grésy

critiqué par Colen8, le 3 novembre 2015
( - 83 ans)


La note:  étoiles
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Deux adeptes du principe de Mauss, l’un gourou du management, l’autre sociologue se sont entendus pour renouveler l’approche des relations sociales en entreprise et mettre en avant la nécessité du don. Disciple de Durkheim dont il a poursuivi l’œuvre, Marcel Mauss s’est inspiré de pratiques sociales de sociétés primitives bien avant que n’existent le troc ni l’échange marchand. En ce sens l’école française de sociologie est éloignée de la doctrine anglo-saxonne préconisée par Adam Smith, relayée ensuite par Spencer. Ces derniers sont à l’origine de la notion actuelle d’utilitarisme en économie, sans laquelle il n’y aurait point de salut : on en voit les conséquences avec la succession de crises, la financiarisation à outrance dans les entreprises, la montée des RPS (risques psycho-sociaux). Le dévoiement par l’excès d’argent auquel on assiste pourrit les relations sociales et pas seulement dans les entreprises.
Cet ouvrage part d’une bonne intention pour résoudre ou seulement réduire les conflits dans les entreprises comme dans les organisations. S’il donne quelques exemples dont le fruit est l’efficacité, il se garde de donner des recettes toutes faites, sauf à annoncer le bonheur pour tous au travail (selon des enquêtes croisées publiées ailleurs, la France se placerait au 99ème rang sur 102 pays pour la qualité des relations au travail…). Il y a une certaine naïveté à s’en remettre aux sciences sociales les plus pointues pour démontrer ce que l’expérience humaine enseigne depuis la nuit des temps. Sans solidarité, sans confiance, sans amitié ni liens affectifs comment en serions-nous arrivés au stade de développement et de richesses actuels ? L’économie du don développée ici rejoint en quelque sorte la philosophie du 2.0 qui a présidé à l’émergence des réseaux sociaux fondés sur la gratuité, le partage, l’autonomie, la créativité. L’efficacité s’y déploie à plein régime. En servant l’intérêt général les contributeurs volontaires sont gratifiés par le sentiment d’utilité. C’est ce qui fait aussi toute la puissance des structures régies par le bénévolat.