Sous le tamarinier de Betioky
de Geneviève Marot

critiqué par Shelton, le 28 octobre 2015
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
A lire en musique...
Les grands festivals de bandes dessinées sont toujours l’occasion de découvrir des ouvrages et des auteurs car comme certains le savent, maintenant qu’il y a près de 5000 sorties par ans en langue française – en comptant les rééditions et autres intégrales – il est tout simplement impossible de tout voir, tout connaitre, tout lire ! Ces grands rassemblements sont donc au moins l’occasion de se remettre à niveau et c’est ce que je viens de faire à Saint-Malo, les 23 et 24 octobre, lors du festival Quai des bulles.

Je ne vais pas tout vous raconter aujourd’hui mais je vais commencer par ma dernière rencontre du festival, juste avant de quitter la salle de presse, avec une auteure qui m’a réellement séduit. Tout avait commencé la semaine précédente quand j’ai lu Sous le tamarinier de Bétioky, une publication de la Boite à bulles…

Immédiatement j’ai été séduit par la narration graphique de l’auteure, Geneviève Marot. L’histoire pourtant me paraissait presque banale, un africain musicien, un Malgache pour être précis et comme je ne suis pas spécialiste et connaisseur de cette musique, je restais pour le moins prudent. Mais dès les premières pages on est emporté à Madagascar, on fait la connaissance d’un enfant espiègle, sympathique et mélomane… car Geneviève Marot s’est mise à l’écoute totale et empathique de Jean Piso, le maître de l’accordéon de Tuléar. On va donc avoir des anecdotes du passé et de la jeunesse de Jean, tout en le suivant dans certaines activités contemporaines, musicales et pédagogiques… Je n’ai dès lors plus lâché le livre et je dois même avouer l’avoir déjà lu deux fois… une pour le plaisir, l’autre pour le bonheur !

Le lecteur va naviguer en plein exotisme car Madagascar c’est non seulement loin par la distance, mais c’est aussi à l’opposé de notre culture, c’est dans la pauvreté totale et Geneviève Marot m’a même avoué qu’elle ne voyait aucune solution pour sortir le pays de cette situation à court et moyen termes. C’est parfois triste, souvent drôle, profondément humain et pétri de douceur, poétique et visuel, musical et éducatif… Et je pourrais dire encore mille choses différentes sans arriver à vous transmettre l’intégralité des qualités de ce livre tant j’y ai pris du bon temps à le lire…

Jean Piso, le véritable héros de cette bande dessinée, va découvrir l’accordéon et la musique grâce à son grand-père, lui-même musicien du village. Mais on ne peut pas dire que tout lui sera facilité pour autant car tout le monde veut qu’il aille à l’école, qu’il apprenne un véritable métier, qu’il ne fasse de la musique que lorsque tout le reste est fait… certains vont même s’acharner à le dégoûter de la musique, mais sans succès car il va devenir musicien professionnel, rien que cela dans un pays où le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’y a pas de place pour des artistes professionnels. Comme quoi, quand on a la volonté…

Je ne peux que remercier Geneviève Marot de nous faire découvrir ce musicien, la vie à Madagascar et de nous faire voyager avec ses mots et ses dessins. C’est sa première bande dessinée mais j’espère qu’elle va avoir d’autres occasions de nous enchanter ainsi car elle possède un grand talent… Quant à vous, si vous voyez ce que je veux dire, il ne vous reste plus qu’à vous asseoir sous le tamarinier et écouter la musique de Jean, le récit de Geneviève et lire cette bande dessinée exceptionnelle : Sous le tamarinier de Bétioky de Geneviève Marot aux éditions La boite à bulles…

Pour information, on trouve des morceaux de musique de Jean Piso sur Internet…