Le printemps des barbares
de Jonas Lüscher

critiqué par Pierraf, le 25 octobre 2015
(Paimpol - 67 ans)


La note:  étoiles
C'est la crise
4ième de couverture:
"Il y avait eu des signes avant-coureurs la veille au soir, mais durant la nuit la situation s'était encore aggravée. Pendant que Preising dormait, l'Angleterre sombrait.»
Amateur de pantalons en velours et de mocassins rutilants, Preising n'a guère l'âme d'un aventurier. Dans un luxueux club au coeur du désert tunisien, le voici contraint de côtoyer une horde de traders londoniens venus célébrer un mariage dans une débauche d'alcool et d'argent. Au lendemain d'une nuit de fête, la panique se propage à la vitesse de l'éclair : la Grande-Bretagne aurait fait faillite. Soudain ruinés, les golden boys perdent toute retenue. Du maître-nageur aux dromadaires, nul n'échappe à leur folie destructrice."

Il s'agit du premier roman de ce jeune auteur suisse allemand. Malgré les très bonnes critiques que j'ai pu lire, je n'ai absolument pas accroché à ce livre. C'est mou, et lent, les personnages sont stéréotypés, ça tourne autour du pot avant d'enfin rentrer dans le vif du sujet, et cela après 140 pages (sur 194 !). Si ça se veut humoristique, c'est vraiment plat et sans saveur ! Si ça se veut philosophique, c'est de la philosophie de comptoir.
Bref, ce n'était pas un livre pour moi.
Le printemps des barbares, la fête de tous les excès 6 étoiles

Cette nouvelle voix de la littérature suisse alémanique est incontestablement à suivre. D’abord parce qu’elle aborde un thème qui n’est guère traité par les romanciers, celui que Viviane Forrester appelait il y a une dizaine d’années L’horreur économique et qui n’a sans doute pas cessé depuis de poursuivre sa course folle, ensuite parce qu’il situe son récit en Tunisie, ce qui lui permet de confronter deux univers, deux façons d’appréhender le monde et enfin parce qu’il nous donne l’occasion de constater que depuis les belles paroles des politiques quasiment rien n’a été fait pour éviter l’explosion d’une nouvelle bulle spéculative.
Nous voilà donc conviés à suivre cette explosion sur les pas d’un industriel suisse fortuné venu à la fois superviser ses investissements et profiter du confort d’un luxueux hôtel.
Quand il arrive sur place, il est quasiment contraint de participer à la grande fête qui se prépare, celle qui scellera l’union de Kelly Ibbotson et Marc Rajani Greyling. Le couple séjourne avec famille et amis et collègues, des Cityboys qui entendent profiter pleinement de l’occasion. Ils ne se doutent pas que pendant leurs excès d’alcool, de bonne chère et de sexe, la Grande-Bretagne se retrouve au bord du gouffre. Suite à la chute de la livre sterling et au défaut de paiement en cascade des banques, le Premier ministre britannique est contraint à annoncer la faillite de l’Etat.
Le télescopage de cette nouvelle avec les lendemains de fête à l’hôtel marque incontestablement le point d’orgue du roman. D’un côté on ramasse les bouteilles et les verres cassés dans les massifs de fleurs, on charge le vomi dans une brouette, on repêche un transat dans la piscine et de l’autre on assiste à des scènes de panique et de chaos. Quand, de part et d’autre on se rend compte qu’on est allé trop loin, on sent aussi qu’il sera impossible de revenir en arrière.
Jonas Lüscher sera pour les uns un oiseau de mauvais augure et pour les autres un Cassandre qui, comme le veut la légende, prédit bien l’avenir mais ne sera pas entendu. A tort ? Il ne faut peut-être pas prendre cette histoire trop à la légère.

Hcdahlem - - 65 ans - 5 décembre 2015