Corto Maltese : Sous le soleil de minuit
de Juan Diaz Canales (Scénario), Rubén Pellejero (Dessin)

critiqué par Vince92, le 30 novembre 2015
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Corto est de retour!
Après près de 25 ans d’absence, le célèbre marin maltais revit des aventures non plus sous la plume et le pinceau d’Hugo Pratt son créateur, mort en 1995, mais grâce à un duo d’auteurs espagnols qui, disons-le derechef, ont rempli le cahier des charges avec brio. Et pourtant, les fans de Corto n’étaient pas tendres avec ce projet… et on les comprend lorsqu’on voit la pléthore de reprises de grands classiques de la bande-dessinée ces dernières années qui se sont terminées en eau de boudin : Lefranc, Alix, Astérix, etc…
J’ai toujours trouvé que cette série était habitée d’une ambiance très particulière, un mélange d’immense érudition mêlée de poésie évanescente, un détachement du monde et du réel que je ne retrouve nulle part ailleurs mais qui n’empêchent cependant pas Hugo Pratt de raconter ses histoires de façon passionnante et d’accrocher le lecteur. Il était à mon avis assez difficile de créer un nouvel album s’inscrivant dans la continuité de la série, plus difficile encore était à la fois de créer un album faisant partie intégrale de la série mais sans pour autant pasticher les autres aventures de Corto.
Un équilibre difficile à atteindre donc qui démarre avec le dessin de Pellejero, très fidèle à celui d’Hugo Pratt, notamment dans les traits des personnages principaux, comme Corto ou Raspoutine mais aussi dans les paysages du Grand Nord canadien dans lesquels le héros prattien évolue dans cet album. Les grandes étendues de neige ne sont pas sans pas sans rappeler Corto en Sibérie mais les cases parviennent tout de même à se détacher du modèle et retranscrivent très bien l’ambiance du Yukon ou de l’Alaska, de la neige et de la forêt, des villes dignes du Far West, le tout dans les années 1910.
Le scénario et les dialogues sont également à la hauteur du grand Hugo Pratt : Jack London qui est un ami de Corto Maltese lui a demandé avant de mourir de délivrer un message à une femme qui s’avère être victime d’un réseau de prostitution… un prétexte pour faire évoluer le héros au Canada et rencontrer une multitude de personnages tout aussi hauts en couleur que ceux qui hantaient les précédents albums…
En conclusion, voici une très bonne reprise… et ce n’était pas gagné au vu de la « personnalité » transmise à la série par son créateur. Les auteurs s’en sortent admirablement et le fan de ces ambiances très spéciales en redemande !