Sailor Twain ou La sirène dans l'Hudson
de Mark Siegel

critiqué par Pucksimberg, le 20 octobre 2015
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Entre romantisme et fantastique
Elijah Twain est capitaine du navire "La Lorelei", qui navigue sur l'Hudson à la fin du XIXème siècle. Sur ce grand navire, l'on croise une quantité de personnes dont Lafayette, le propriétaire du bateau, bourreau des coeurs, un casanova qui parvient à alterner ses conquêtes durant le voyage. Une première scène donne le ton lorsque l'on voit un cerf nager ou se noyer. Le lecteur sent que l'atmosphère est étrange. Twain recueille une sirène, blessée. Il n'y croit pas, la cache dans sa cabine, la soigne. D'où vient-elle ? Que veut-elle ? Pourquoi certains personnages ont-ils un comportement surprenant ? Pourquoi Lafayette ne souhaite-t-il jamais quitter le navire ? Les sirènes sont connues pour chanter et entraîner les hommes à la dérive. Celle-ci n'a pas chanté quand elle s'est présentée à Twain ...

Cette bande dessinée en noir et en blanc fait rêver le lecteur par son univers américain, ses bateaux à aubes, l'Hudson. Il y a un côté suranné dans cette atmosphère et l'intrusion du merveilleux avec la sirène surprend et intrigue le lecteur. Les personnages sont suffisamment énigmatiques et interrogent le lecteur. L'auteur laisse quelques indices et l'on pressent rapidement qu'il faudra chercher derrière les apparences. La notion de gémellité est très présente et si ces sirènes avaient un sens pour chacun d'entre nous ?

L'auteur fait de nombreux clins d’œil à la littérature, à l'Ondine d'Aloysius Bertrand, à la Lorelei des légendes allemandes, à "L'Odyssée", à la sirène du célèbre conte d'Andersen, à Moby Dick ...On pense aussi à "Dr Jekyll et Mr Hyde" ... Mark Siegel a beaucoup de talent et est parvenu à créer une ambiance très américaine, des personnages typés assez marquants et à interroger le lecteur. L'histoire est très bien menée et le lecteur prend un grand plaisir en lisant cette histoire originale qui parlera aussi à ceux qui sont restés de grands enfants.
Sirène... 8 étoiles

Sur le bateau à vapeur, le Lorelei, il se passe des choses curieuses : Jacques-Henri a disparu, son frère, Lafayette, multiplie les conquêtes et le capitaine Elijah Twain croit voir un cerf plonger dans le fleuve Hudson !
Une couverture qui avait accroché mon regard et pourtant, j'ai eu du mal à embarquer sur le Lorelei. Les dessins sont particuliers, j'ai été fascinée par les grands yeux de certains personnages mais en même temps, difficile de mettre un nom sur chaque tête. de plus, Siegal fait des allers-retours dans le passé et présent, il faut être attentif ! Une fois, le rythme temporel et les personnages imprimés, j'ai pris plaisir à suivre cette histoire même si j'attendu longtemps qu'il se passe quelque chose. La patience paie… j'ai même été surprise par cette accélération subite de tempo !
Une histoire de sirène aux Etats-Unis, à la fin du XIXe siècle, que j'ai apprécié. Mark Siegel met de jolies images pour cette légende fantastique qui mêle amour et fonds bleutés. N'ayez pas peur des 400 pages et jetez-vous à l'eau !

Shan_Ze - Lyon - 41 ans - 23 octobre 2016


Le cœur du capitaine 7 étoiles

La séparation en vignette rend la lecture de ce roman graphique parfaitement digeste. Il y a là aussi une belle histoire romantique et fantasmagorique de mystérieuse sirène pour laquelle la bédé est un média idéal.

Le problème est le dessin, en noir et blanc, genre fusain, peu défini et souvent caricatural. Pour une histoire aussi lyrique, il étonnant que le visuel soit si bâclé. Ceci est d’autant plus désagréable que les personnages naviguent dans des univers de rêves sous-marin, ce qui fait en sorte que l’on s’y perd.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 12 septembre 2016


Conte romantique 7 étoiles

Si la couverture constitue à elle seule une invitation à se plonger (c’est vraiment le cas de le dire) dans ce pavé en forme de conte fantastico-romantique, les premières pages pourraient provoquer chez certains lecteurs un mouvement de recul, comme ce fut le cas pour moi. Je veux parler du dessin dont le style est assez disparate. Mark Siegel recourt à un crayonné charbonneux qui confère une ambiance surannée parfaitement adaptée au contexte. S’il maîtrise plutôt bien la technique pour représenter les paysages et les décors, et ce de façon réaliste, les visages et les corps sont généralement peu agréables à l’œil, trop sommaires, dénotant un certain amateurisme et un manque de fluidité dans le tracé, à de rares exceptions près. Tout cela est heureusement compensé par un cadrage approprié soulignant par ailleurs l’aspect poétique du récit.

Quant au scénario, il permet de faire passer au second plan ces imperfections graphiques. Plutôt intriguant et généralement bien construit, malgré une tendance à l’éparpillement vers la fin, ce conte possède également des qualités littéraires, le titre faisant d’ailleurs référence au célèbre écrivain américain Mark Twain, lequel travailla lui-même sur un bateau à vapeur du Mississippi jusqu’à la guerre de Sécession. L’emprunt au mythe des sirènes devrait faire tomber la plupart des lecteurs sous le charme de cette histoire, sans aller toutefois jusqu’à les retenir captif de ces créatures légendaires. Il ne s’agit en outre que d’une bande dessinée, il n’y a donc aucun risque d’entendre leur chant, à moins d’être doté d’une imagination débordante… En ce qui me concerne, je reste trop mitigé sur le dessin pour être vraiment séduit.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 15 août 2016