A marche forcée : A pied du Cercle polaire à l'Himalaya (1941-1942)
de Slavomir Rawicz

critiqué par CCRIDER, le 12 février 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Un exploit exceptionnel
L'auteur , jeune officier polonais se retrouve capturé par les Russes lors de l'offensive soviétique contre la Pologne . Accusé d'espionnage , il est torturé sauvagement , mais n'avoue jamais . Interné à la Loubianka , il est condamné à 25 ans de travaux forcés en Sibérie . Il y est déporté après un long voyage inhumain en train plombé puis tiré le long d'une immense chaîne de prisonniers trainés par un camion jusqu'aux confins du cercle polaire . Les malheureux forçats doivent construire eux-mêmes leur camp de concentration avec les classiques baraques de bois entourées de barbelés . Heureusement , si loin de tout , le camp ne dispose ni d'électricité ni de projecteurs dans les miradors ce qui va permettre à l'auteur de s'échapper avec six autres , un américain , un yougoslave et quatre polonais au début du printemps sibérien .
Et voilà nos sept malheureux partis pour un long calvaire qui durera douze mois à traverser la Sibérie dans un froid et des difficultés inimaginables , l'infernal désert de Gobi , une partie de la Chine et , pour finir , l'Himalaya en plein hiver . Plusieurs compagnons moururent en route , l'auteur , ayant lui aussi frôlé la mort , survécut pour raconter cette histoire vraie .
Un livre passionnant pour tous ceux qui aiment les récits de voyage à pied . Ici nous sommes devant un exploit exceptionnel et qui nous laisse muets d'admiration . L'homme , pour gagner sa liberté , peut faire preuve d'un courage sans limites . Bravo Slaw !
Véridique ou pas, on y prend plaisir 9 étoiles

Je suis d'accord avec l'avis précédent, véridique ou pas, on suit avec passion l'épopée de ces hommes et cette jeune fille, animés par cette rage de vivre et qui se lancent dans cette fuite éperdue, insensée à travers la Sibérie, la Mongolie, le désert de Gobi et la chaîne Himalayenne pour atteindre l'Inde et la liberté. Malheureusement, ils n'y parviendront pas tous..

Une précédente critique souligne aussi que l'auteur Slavomir Rawicz n'est pas écrivain. Je suis d'accord aussi. Mais tant mieux!, serais-je tenté de dire. Car ils doivent obéir à cette nécessité absolue d'avancer, de s'arracher de la torpeur. Ils n'ont pas le temps, ni d'énergie à dépenser en apitoiement, prémices du découragement et synonyme de mort leur situation. Alors l'écriture est nette, sans fioriture, vive et coupante comme le vent glacial. Une écriture qui narre ce qui est nécessaire, sans épanchement inutile, sans effet de style. Il faut avancer, c'est tout ! Je pense que de pseudo réflexions existentielles, interludes philosophiques auraient gâché le rythme du livre.

A conseiller vraiment.

Som Lang - Ecrouves - 51 ans - 26 janvier 2014


LE périple routier 9 étoiles

Superbe livre sur les aventures de ces évadés sur les routes d'Asie, que ce soit vrai ou pas, ce n'est pas grave, c'est tellement bien raconté, tellement bien décrit, tellement prenant, sans aucune fioriture, c'est à l'état brut ! et c'est excellent !

Pierraf - Paimpol - 67 ans - 20 mai 2013


est-ce véridique 7 étoiles

D'un côté ce livre s'apparente à la tradition "Ossendowski" dont on ne saura jamais vraiment quelle est la part de réalité et de fiction, dans la marche forcée de ce russe "blanc", quelques années plus tôt poursuivi par les rouges à travers le centre de l'Asie.
Mais l'itinéraire de l'auteur est faisable et logique, nombre de russes blancs (et d'autres nationalités persécutées comme les kazakhs de chine : voir la fantastique épopée : The Kazakh exodus) l'avaient déjà fait de manière attestée même avant le goulag et de façon plus extrême encore : droit au sud à travers les déserts et les montagnes non cartographiées du grand ouest chinois, parfois jusqu'aux indes dans le blanc de la carte.
Ce n'est donc nullement impossible. Voir d'autres pérégrinations improbables dans ces blancs de la carte (Maillart et Fleming, etc.). Anne APPELBAUM dans son livre magistral "Goulag : une histoire" mentionne que malgré les recherches de la société Mémorial à Moscou on ne retrouve pas la trace du dossier de ce détenu du goulag.
Dans son livre à conseiller, elle mentionne des évasions spectaculaires du goulag, d'autres marches forcées qui laissent ouverts tous les possibles.
Quant à la mention de Teisson, je n'ai pas la conviction que cette tête de gondole des librairies, vulgarisateur convenu de la Sibérie dont je n'achète plus les livres, ait jamais fait de choses comparables même de très loin.

Kaouk - - 66 ans - 2 février 2013


Complètement invraisemblable 1 étoiles

De qui se moque-t-on ? Des semaines sans manger, ou presque, en tenue de coton par -30 degrés après avoir passé un an sous la torture en prison. La traversée de rivières glaciales à la nage, traversée du désert de Gobi sans manger pendant 12 jours et cerise sur le gateau : rencontre avec l'abominable homme des neiges. On ferait mieux de classer cet ouvrage dans la catégorie science-fiction. Ce n'est même pas bien écrit. Mais après tout, cet homme est peut-être de la même famille que celui qui a remporté 7 fois le tour de France...

MEISATSUKI - - 48 ans - 30 janvier 2013


Surhumain 6 étoiles

La barbarie des camps sibériens a donné lieu à de nombreuses aventures et récits. Ceux qui n’ont pas été broyés et en sont revenus sont des personnalités fortes dont le témoignage nous marque pour toujours.
Slavomir Rawicz est un officier polonais. Arrêté par les russes qui se défient de l’armée polonaise, il a la chance de ne pas être fusillé comme ses camarades à Katyn mais est condamné à la déportation après de longues tortures et une parodie de procès.
Arrivé en Sibérie, il réussira avec quelques compatriotes à s’échapper et à gagner le monde libre, en Inde, auprès des anglais, après une marche de près de deux ans.
Si le texte est littérairement un peu pauvre (Rawicz n’ayant pas les qualités d’un Dostoïevski ou d’un Soljenitsyne), ce manque est largement compensé par le suspense et les rebondissements de cette incroyable épopée.

Romur - Viroflay - 51 ans - 19 juin 2011


Une leçon de vie 7 étoiles

Quelle leçon de vie ... ce type qui s'évade par miracle de l'horreur (totalement niée à l'époque) des camps sibériens et effectue une marche inhumaine (et pourtant) à travers le désert de Gobi puis l'Himalaya.
Il faut parfois (souvent) se pincer pour croire qu'il s'agit bien d'un récit tant la force de caractère (et la force de vivre) nécessaire paraît immense. Le récit est d'autant plus riche qu'il est ponctué (notamment dans la partie Himalayenne) d'une description des coutumes locales de l'époque, c'est-à-dire celle de peuples préservés de la "modernité".
On peut effectivement douter de quelques parties, notamment celle de la traversée du désert de Gobi sans eau qui paraît impossible ... mais qui peut dire ce qui est possible ou pas ? En tout cas, on a ici un récit d'une force brute, puissante, sans pensée ou réflexion profonde mais qui s'appuie sur une expérience humaine tellement forte qu'elle emporte tout sur son passage

NQuint - Charbonnieres les Bains - 52 ans - 18 octobre 2009


La liberté ou la mort 8 étoiles

Au moment de sa parution en 1956 ce livre a été immédiatement contesté. L'Europe ne voulait pas croire à la réalité des camps soviétiques et, surtout en France, les beautés du communisme faisaient encore partie du credo des maîtres à penser qui font l'opinion. Si bien que ce livre, qui raconte l'évasion d'un groupe de prisonniers de ces camps, n'a pas été bien reçu. Les experts de l'époque l'ont déclaré faux !
Aujourd'hui la vérité du récit n'est pas prouvée, mais pour moi cette histoire est authentique : il y a trop de détails invraisemblables ou même parfois naïfs qui me semblent la preuve même de son authenticité. Un faussaire se serait appliqué à "faire du vrai".
Soljenitsyne, qui a purgé une peine de 10 ans dans ces Goulags, a raconté qu'il y avait souvent des évasions mais que toutes étaient vouées à l'échec et ressemblaient plutôt à des suicides. Et pourtant on sait que quelques-unes ont réussi. Alors finalement, l'important n'est pas là ! Si une seule évasion a été réussie elle a du se passer comme dans ce récit. Et c'est passionnant !
Ici, pas d'état d'âme, pas de réflexion philosophique, pas de recul par rapport à l'événement ; c'est raconté comme un compte rendu d'aventures pénibles et extraordinaires.
J'ai trouvé que surtout le début du livre était fantastique : le trajet de plus de 4000 kilomètres dans un train blindé, la marche forcée de 1500 kilomètres aux confins du cercle polaire, le séjour au camp, la préparation de l'évasion et l'évasion elle-même, sont saisissants.
Ensuite, le récit des milliers de kilomètres qui ont conduit pendant plus d'un an les rescapés jusqu'en Inde, est toujours passionnant mais perd parfois de son intensité. L'auteur a raconté son évasion 15 ans après les faits et il avoue que parfois la mémoire lui a fait défaut ; le récit manque par moment de précision et de suivi.
L'auteur n'est pas un écrivain ; simplement, il raconte ce dont il se souvient, sans chercher à faire de la littérature. Mais cette absence de style, ce dépouillement du récit, ajoute une grandeur réelle à la valeur du témoignage laissé par ces hommes courageux, prêts à tout sacrifier sur l'autel de la liberté.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 2 février 2006


Une très longue marche 9 étoiles

C'est le récit supposé véridique d'un lieutenant polonais qui s'évade d'un Goulag du nord de la Sibérie avec cinq compagnons, sans équipement ni cartes, avec une seule idée en tête : marcher vers le sud ou ils supposaient pouvoir atteindre l'Inde. Un récit incroyable d'une marche à travers la Sibérie, la Mongolie, le redoutable désert du Gobi, les haut plateaux du Tibet et enfin l'Himalaya qu'ils vont traverser en plein hiver. Il prendront un an et feront plus ou moins six mille kilomètres mais n'arriveront pas tous.

Ce n'est pas de la littérature, c'est mieux que ça, disait Nicolas Bouvier. Et en effet on ne trouvera pas dans ce récit les réflexions philosophiques d'un Bouvier ou le regard décalé d'une Ella Maillart par exemple. On est dans l'aventure pure. Et c'est passionnant, le genre de livre qu'on ne lâche pas une fois commencé. Seul bémol : on ne sait toujours pas si ce récit est authentique ou pas. On trouve des arguments pour et contre la véridicité. La traversée du désert du Gobi à pied et sans eau notamment a fait douter beaucoup de gens, par contre ses descriptions des populations nomades qui l'accueillent sont tout à fait exactes.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 21 décembre 2005