Football
de Jean-Philippe Toussaint

critiqué par Saule, le 8 octobre 2015
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Le foot et le temps qui passe
C'est un petit livre qui se lit avec un grand sourire aux lèvres, qu'on soit amateur de football ou pas. J-P Toussaint ne se départit jamais de son ton légèrement ironique pour aborder le football, non pas en tant que sociologue ou de passionné du ballon rond, mais en nostalgique du temps qui passe. Un des attraits du foot, selon lui, c'est de marquer le passage du temps avec ces grands événements qui reviennent tout les quatre ans. Il égrène d'ailleurs les coupes du monde depuis 1998, se remémorant comment il a vécu chacune d'elle. C'est souvent drôle : par exemple en 2010 il avoue avoir tout raté car il était dans la Sarthe pour assister au 24h du Mans auto (sur lesquelles il écrit quelque pages géniales). Pour la coupe du monde de 2002 au Japon, il était par contre très présent, invité par son éditeur à faire une tournée dans les université. Il nous offre quelques belles pages sur l'ambiance coupe du monde au Japon et dans les stades (l'arrivée des joueurs turcs pour Brésil - Turquie, ils étaient aussi contents d'être là que lui, m'a bien fait rire).

L'auteur possède à fond l'art de faire vivre des situations : on visualise réellement les scènes qu'il décrit, comme si c'était du cinéma. Il excelle dans le clownesque : sa célébration du goal lors du Japon-Belgique, avec l'unique supporter belge dans un stade japonais comble, m'a bien fait rire.

Il est un supporter des grandes occasions, de l'équipe belge (même si il avoue qu'au fond, il n'aime pas tellement leur équipement ni leur style de jeu). Bref il n'est pas un vrai supporter de club qui a la culture d'aller au stade. Il avoue par exemple trouver le coaching ("un vilain mot", dit-il) et l'aspect technique du football assez puéril : je cite - "D'un point de vue stratégique, le football me semble tout à fait sommaire, presque simpliste, les avantages respectifs des différents systèmes de jeu (le 4-2-4, le 4-4-2 ou le cateneccio) sont d'une complexité élémentaire face aux subtilités savante de la moindre ligne de jeux d'échecs, et le vilain mot de coaching, qui allie la disgrâce à la disproportion, est un bien grand mot pour pas grand-chose : la pertinence des remplacements et le choix du moment adéquat pour les effectuer. Mais on passe là soudain du sérieux de l'univers de l'enfance à la puérilité du monde des adultes

Bref un petit livre qui se lit avec un grand sourire. Celui qui est jaloux pourrait trouver le livre un peu "égocentré" et le personnage agaçant, mais c'est bien amusant à lire et fait mouche assez souvent.