Polococktail Party
de Dorota Masłowska

critiqué par Addison De Witt 75, le 11 février 2004
(Paris - 49 ans)


La note:  étoiles
Ouf c'est fini !
C'est un très mauvais livre, attention il peut tomber des mains. Seul point positif, l'écrivain est très jeune, elle mérite donc d'être encouragée, on verra dans quelques années.

L'auteur, une Polonaise de 19 ans aurait donc écrit ce livre en un mois la veille de son bac. La prochaine fois, il faudra peut-être y passer un peu plus de temps...

En toile de fond, la montée du nationalisme polonais anti "Ruskoffs" : la progression du phénomène qui devrait être électrique dans le récit est soporifique. C'est donc une histoire sans cadre. Rabattons-nous sur le personnage principal : Andrzej Robakoski dit "Le Fort", jeune entrepeneur vaguement brigand qui carbure comme tous les autres au nervosol et aux amphétamines. La prise d'amphets est récurrente mais ça ne booste pas le récit ! Le Fort est un personnage bien peu travaillé, il ne fait pas le poids pour porter l'histoire sur ses épaules et ce ne sont pas Magda ou Natacha qui l'y aideront. Il y a bien Angela, sataniste gothique antirusse et ultra écologiste qui semble avoir un peu plus d'épaisseur mais elle s'évapore vite.

L'auteur a sans doute voulu monter la jeunesse de la Pologne postcommuniste et néonationaliste dans un mélange de drogues et de xénophobie : la sauce ne prend pas. Il manque une histoire, du style, des vrais personnages, et du souffle. Pour le surréalisme inquiétant de l'administration, on ira plutôt lire Kafka. Et pour une écriture déjantée et fulgurante, mieux vaut aller frapper à la porte de Burroughs.

Au dos du livre, il est écrit que 50 000 exemplaires de ce livre ont été vendus en quelques mois après sa parution.

Une citation : "Les nuages au-dessus sont comme des sourcils froncés et menaçants. Dieu est fâché. Dieu décide qu'il est temps de remettre de l'ordre."
Last exit to Varsovie 7 étoiles

Je trouve la critique bien sévère pour ce bouquin écrit en quelques jours juste avant le bac. Certes Dorota n'est pas Selby, ni même Bret Easton Ellis mais elle ne manque ni d'imagination ni de souffle.

C'est le récit de la dérive d'une jeunesse qui n'a pas trouvé derrière le mur la vie qu'elle avait rêvée avant la chute de celui-ci. Ces jeunes avaient immaginé l'Occident comme nous imaginions l'Amérique dans les années soixantes et ils se sont brûlés les doigts aux feux des artifices qu'ils n'avaient pas apprivoisés.

La petite Dorota a du elle-même connaître quelques déceptions pour jeter aussi brutalement son texte sur la feuille en si peu de temps.

Débézed - Besançon - 77 ans - 5 mars 2008


Au-delà du propos, une écriture bien punchie qu'il faut saluer 7 étoiles

Dorota Maslowska n'est pas qu'un phénomène d'édition, elle montre avec ce premier roman des qualités évidentes d'écrivain.

Certes l'intrigue n'est pas sa préoccupation première et le parcours du jeune Andrzej Robakoski,dit Le Fort, qui passe d'une fille à l'autre, comme on passerait d'un film gore à l'autre, a de quoi décontenancer.

Maslowska décrit une jeunesse polonaise paradoxale, désorientée (mais n'est-ce pas le propre de toute jeunesse?). Ainsi en est-il de le Fort qui oscille en permanence entre la drogue et la peur d'être contaminé par les bacilles de son prochain. On sent aussi la profonde aversion des personnages pour la société de consommation héritée d'outre-atlantique (cf la scène au mac-Do) qui se concilie avec difficulté avec la haine de la Russie, l'ancienne puissance tutélaire.

L'Europe est aussi dans le collimateur de cette romancière qui prend parfois son stylo pour un flingue: "En l'écoutant, je me dis que j'ai un bon copain, intelligent et qui manque pas d'humour, pas question de se laisser couillonner par Bruxelles. Je l'imite donc et je lance: Oussama va te régler ton compte pour toutes les pipes que t'as taillées aux eurofiottes."

Ce livre sortie de la tête d'une lycéenne et rédigé en l'espace d'un petit mois, juste avant le bac, ne manque pas de style.

Montgomery - Auxerre - 52 ans - 20 décembre 2007