En plein coeur
de Ray Kluun

critiqué par Jfp, le 19 septembre 2015
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
selfie au crabe
Si vous êtes trentenaire (ou à la rigueur quadra, le roman datant déjà d'une dizaine d'années), que vous aimez le foot, la musique pop-rock (avec une préférence pour Bruce Springsteen), les fringues de marque, les sorties en boîte dopées à l'ecstasy et les séries américaines, alors vous avez une chance d'aimer ce livre. Moi qui ne réponds à aucun de ces critères, et malgré des efforts considérables d'imagination, j'ai détesté ce livre dès les premières pages. Tous les poncifs associés à la soi-disant "postmodernité" occidentale s'accumulent : vocabulaire "branché" (c'est-à-dire inaudible pour qui ne partage pas les us et coutumes d'une certaine caste sociale aisée, cultivée et émancipée), activité sexuelle débridée et déconnectée d'un quelconque sentiment amoureux, et surtout, surtout, cette priorité donnée aux apparences que véhicule, et entretient, une publicité omniprésente dans la vie de chaque jour. Et pourtant, le sujet est grave : la maladie, la mort, l'amour (le vrai), l'amitié, la tendresse, le bien et le mal. L'auteur a vécu les événements qu'il a mis en récit avec des personnages fictifs. Mais pourquoi en avoir fait cette œuvre snobinarde, complaisante au possible ? Le succès du livre, tant aux Pays-Bas que dans le reste du monde (à en croire la quatrième de couverture), laisse penser que la mort de cette jeune femme atteinte d'un cancer du sein a été "marchandisée" pour en faire un best-seller. Un dernier conseil, à ceux et celles qui le liront tout de même : la législation française en matière de fin de vie est aux antipodes de l'hollandaise, renseignez-vous avant…
Le foot, la fête, les filles et ... Carmen 9 étoiles

" En plein coeur " de Ray Kluun (324P)
Ed. Presses de la Cité

Bonjour les fous de lectures...

Décidément, j'aime les auteurs néerlandais !

Voici un roman fortement inspiré par la propre histoire de Ray Kluun.

Carmen, Stijn et leur petite fille Luna formant une famille de "Bobos" hollandais comme tant d'autres.
Stijn a trois passions, le foot, la fête et LES femmes.
il souffre de monophobie et l'assume totalement.
Cette petite vie qui est la leur va brutalement basculer vers l'enfer lorsqu'on détecte un cancer du sein à Carmen.
Tout s'effondre autour d'eux, il va falloir se battre, s'organiser.
Ils espèrent, subissent, s'effondrent .. Carmen ne se relèvera pas.

Si le sujet a été déjà abordé plus d'une centaine de fois, ici c'est la plume de Ray Kluun qui est envoutante.

C'est Stijn (alias l'auteur) qui raconte leur histoire et malgré la lourdeur du sujet, on ne peut s'empêcher de sourire et même de rire.
On vit avec lui au jour le jour. on affronte directement la maladie et sans tomber dans le voyeurisme, il ne louvoie pas.
On rit et on pleure avec lui .
Il nous révolte aussi par moment, en effet, sa monophobie aiguë ne lui donne pas souvent le beau rôle. Sa soif de sexe et de paillettes nous agace mais ... c'est Stijn et sa franchise, nous comprenons sa soif de vodka citron et de rondeurs pour affronter la lourdeur des jours.

Sujet lourd abordé en toute sincérité du point de vue de l'accompagnant qui nous fait part de ses forces comme de ses faiblesses.

J'ai beaucoup aimé la plume de Kluun et son récit d'une incroyable franchise.

J'ai refermé ce livre en ayant envie de serrer Stijn dans mes bras, partager une vodka citron avec lui , pleurer Carmen et de m'étourdir dans les paillettes de la fête.

Le cancer du sein féminin vécu par un homme ... Messieurs, ce n'est pas tous les jours que nous avons vos impressions et vos ressentis sans fausse pudeur.

Bravo Ray Kluun vous méritez le succès littéraire dans votre pays. Et les autres qu'attendez-vous pour le découvrir ?

Faby de Caparica - - 62 ans - 22 mai 2020