Rapport sur le culte de la personnalité et ses conséquences, présenté au XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique, dit Le rapport Khrouchtchev
de Jean-Jacques Marie

critiqué par CHALOT, le 19 septembre 2015
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Une analyse historique percutante
« Le rapport Khrouchtchev »
Première traduction intégrale du
Texte russe en français
De Jean-Jacques Marie
Editions du Seuil
186 pages
Septembre 2015

Une analyse historique du rapport secret

Jean-Jacques Marie, historien, biographe est à la fois un connaisseur de la langue russe, ce qui lui permet de travailler directement à partir d’originaux et l’un des plus grands spécialistes actuels de l’histoire de l’URSS.
Dans ce livre que j’ai lu en continu, sans interruption, il commence à présenter le contexte, les enjeux ainsi que les réactions dans l’appareil stalinien ou post stalinien à la suite de l’intervention de Khrouchtchev au 20ème congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique.
« Pour mieux préserver la domination de la caste dominante et assurer la survie du régime, Khrouchtchev place ainsi une bombe à retardement au cœur même de ce dernier. C’est pourquoi les héritiers et les nostalgiques du stalinisme se déchaînent contre son rapport. »
En France, Duclos et Thorez , dirigeants du PCF essayent de passer sous silence ce rapport, puis le minimisent.
Il est vrai que le grand culte de la personnalité à la gloire de Staline avait donné lieu en France à une réplique avec le culte de Thorez !
Chez certains intellectuels, c’est la consternation et pour d’autres le reproche …..
Jean Paul Sartre accuse le responsable du rapport secret d’avoir mis le feu…..
Après les soulèvements des peuples polonais et hongrois et la répression qui s’en est suivi, une fraction de l’appareil du Parti communiste d’union soviétique se mobilise pour que Khrouchtchev rectifie le tir en 1957.
Le rapport secret fait l’impasse sur la famine en Ukraine et au Kazakhstan en 1932-1933 et sur les trois grands procès de Moscou……
Autrement dit il s’agissait de taire les responsabilités des dirigeants communistes membres du présidium du parti .
L’auteur de ce livre détruit, preuves à l’appui, certaines légendes comme celle qui consiste à affirmer que ce rapport résultait d’une démarche personnelle.
La lecture du rapport intégral, dont le texte figure dans la deuxième partie de ce livre est édifiante.
Si ce rapport part d’un postulat plus que douteux affirmant que Staline a été un artisan et dirigeant bolchevik clairvoyant et actif avant, pendant et après la révolution de 1917, il est par contre très convaincant quand il dénonce les crimes de Staline et notamment l’extermination de communistes.
Si cette partie du rapport est édifiante, c’est qu’elle s’appuie sur des faits et non sur des affirmations.
Le rapport détruit l’image d’Epinal qui montre un Staline, dirigeant victorieusement grâce à son génie et sa volonté la guerre patriotique contre l’invasion nazie.
Ce rapport confirme que Staline n’a pas tenu compte des avertissements et des informations reçues sur l’imminence d’une invasion et a, par l’élimination de militaires soviétiques et son attitude mis son pays dans une situation de péril .
Le rapport est implacable, certes mais ses auteurs, puisqu’il a été préparé par les plus hauts dirigeants du PCUS, voulant préserver le régime bureaucratique, ne font que réformer ce qu’ils veulent réformer….. Ils ne pourront que retarder la chute et la dislocation de l’Union soviétique….

Jean-François Chalot