Tchao pantin
de Alain Page

critiqué par Sundernono, le 10 septembre 2015
(Nice - 40 ans)


La note:  étoiles
Un polar sombre
« La nuit, c'est le dernier salon où l'on cause. La nuit, on perd son identité, ses origines, ses racines. La nuit, on est tous de la même couleur. Un peu gris, un peu noirs, c'est selon. On flotte entre chien et loup, entre ailleurs et nulle part. C'est exactement là que je me situe. »

Plus connu dans sa version cinématographique, film pour lequel Coluche fut récompensé d’un César, Tchao Pantin est avant tout un très bon polar d’Alain Page.

Paris, 18ème arrondissement. Dans une banale station service, un homme, Lambert, le pompiste de nuit, profite de chaque nuit de service pour noyer son passé dans l’alcool. Un soir comme un autre, sous une pluie battante apparaît un jeune maghrébin, l’air paumé, avec sa mobylette à sec : Bensoussan. Deux hommes que tout oppose. Et pourtant…

Tchao pantin, c’est l’histoire de deux paumés, deux écorchés vifs réunis par le hasard ou peut-être par le destin. Entre cet ancien commissaire hanté par son passé et son nouvel acolyte, ce jeune prêt à tout pour réussir mais maudit par sa condition, l’étincelle se forme. Cette petite étincelle, difficile à naître et fragilisée par les vents d’un entourage louche s’apprête à tout embraser.
Lola la dingue, jeune punk, troisième personnage de ce polar sera l’essence versée sur ce brasier.

Ayant adoré le film c’est naturellement que je me suis tourné vers le roman à l’origine de cet excellent Policier. Première surprise, le style de l’auteur qui fait preuve de beaucoup d’élégance, notamment pour un polar. L’écriture est belle tout en gardant un côté vif et percutant, retranscrivant à merveille le Paris nocturne des années 80. Les dialogues font mouche et l’on ne peut que s’attacher à ces trois personnages peu ordinaires. J’ai également apprécié le côté underground de l’histoire. Le Paris délabré, glauque, les punks. Pas de chichis, pas de fleurs bleues. Ça flingue. On règle ses comptes.

Un très bon polar.