Le Temple du Passé (tome 2) : Envol
de Stefan Wul, Hubert (Scénario), Étienne Le Roux (Dessin)

critiqué par B1p, le 5 septembre 2015
( - 50 ans)


La note:  étoiles
de l'infiniment banal à l'infiniment GRAND
Jusque maintenant, la série des éditions Ankama revisitant l’œuvre SF de Stefan Wul n'avait pas réussi à m'emballer outre mesure. Avec le "Temple du Passé", il en est tout autrement. Pourtant, l'histoire a quelque chose de daté, et lorsqu'on entame la lecture, on est étonné par certains de ses aspects, qui ne ressemblent plus à ce que l'on écrit aujourd'hui. Et puis, le charme agit, et ce qui pouvait sembler un peu obsolète devient franchement rafraîchissant.

Une civilisation qui ressemble à une Grèce Antique qui serait arrivée à un stade technologique avancé envoie un vaisseau dans l'espace, vers on ne sait quelle destination galactique lointaine. Malheureusement, en chemin, le conducteur organique intelligent du spationef est télépathiquement troublé par une entité inconnue et l'engin s'écrase sur une planète, dans un milieu hostile. De là, les trois survivants du crash vont mettre tout en œuvre pour s'en sortir et retrouver leurs pairs qui se trouvent là, quelque part, dans l'univers.

Si l'histoire a jusque là une tournure on ne peut plus classique, le tout s'élève de manière inattendue par une réflexion sur l'évolution des espèces et par une réflexion sur la normalité : en effet, dans cette civilisation aux relents helléniques, l'homosexualité est la norme et l'hétérosexualité suscite l'opprobre, la gestation est extra-utérine et la grossesse intra- est un signe d'infamie. Mais même au-delà de cette réflexion qui fait étrangement écho à l'actualité récente (et des étonnantes cases homoérotiques et somme toute délicates qui vont avec), ce qu'on suivait comme une banale histoire de science fiction se termine dans les dernières pages sur un twist magistral, une mise en perspective étonnante qui fait passer le récit de l'histoire lambda vers la réflexion métaphysique, bref, qui contre tout attente, transforme un album anonyme en GRAND ALBUM.

Magistral !