Métamorphoses de l'âme et ses symboles
de Carl Gustav Jung

critiqué par Ellane92, le 3 septembre 2015
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
l'âme individuelle, l'inconscient collectif
Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas tenter de résumer cette "contribution à la science de l'âme", comme le dit si bien l'auteur lui-même dans sa conclusion. Ce livre est bien trop foisonnant de contenu pour que cela ait un sens !

Sur la base d'un cahier publié par une poétesse, Miss Miller, qui fait part de ses fantaisies (rêves éveilles, rêveries, poèmes, ...) et des associations qui en découlent, Jung déroule dans les Métamorphoses de l'âme et ses symboles une analyse psychanalytique de la personne, en recontextualisant en fonction des grands mythes, poètes, textes religieux, abordés par la poétesse ou non. Pour cela, il fait appel à des disciplines aussi variées que la linguistique, la philosophie, la psychologie, la littérature, la philologie, les mythologies grecque, asiatique, hindoue, esquimau, ... (car la mythologie est une description symbolique du monde à portée universelle).

Ce livre n'est pas un essai sur la psychanalyse des profondeurs, il en démontre son essence.
Il y est donc assez peu question de théorie. Ce livre revêt la forme d'une étude des mythes et des religions, mettant en évidence leurs rapprochements symboliques, mais aussi syntaxiques, historiques, de leurs formes étonnement proches (déroulement et étapes), et bien sur et surtout, de leur interprétation psychologique. Et c'est sur cette unité de formes et de symboles que Jung fonde à la fois l'origine et la justification de la psychologie jungienne, et de sa composante si récriminée (Freud notamment n'était pas tendre sur ce sujet) de l'inconscient collectif. Ces mythes, poèmes, symboles sont des éléments de référence car ils sont universels, c'est leur forme seule qui change en fonction de la société et de l'époque dans lesquelles ils s'inscrivent.

En découvrant cet ouvrage abondamment illustré, chacun retrouvera au détour d'un détail sur un monstre, un dieu ou un héros quelque chose qui le touchera profondément, qui est une vérité pour lui. Se reconnaître dans son individualité, au travers d'arguments collectifs, qui ne se limitent ni a une époque, ni à une culture, fait se sentir tout petit au milieu d'un grand tout dans lequel nous avons notre place. La psychologie de Jung, pour moi, en quelque sorte, parle d'un intime universel, intime dans la façon dont il nous est personnel, universel car existant partout et tout le temps.

Ce livre fleuve incroyablement riche nous fait voyager dans le temps, l'espace et l'essence sacrée de la psyché humaine. Je ne crois pas qu'il soit possible de le lire et de l'intégrer en une fois, il y a trop de matériaux, trop de connexions. En revanche, le lecteur à l'esprit ouvert y apprendra quantité de choses, et pourra se réjouir des relectures qui seront nécessaires non pas à épuiser le sujet, mais à commencer à découvrir la vraie richesse de cet ouvrage !