Madame Yang
de Zhang Yihe

critiqué par Jfp, le 30 août 2015
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
du côté de chez mao
Yang Fenfang aime He Wuji, son ami d'enfance, dont le tort, dans le Chine de Mao, est d'avoir eu des parents qui, un jour lointain, avaient été propriétaires : un crime sous la soi-disant "dictature du prolétariat". Yang Fenfang va devoir épouser, contre son gré, un militaire gradé qui doit lui assurer gîte et couvert. Tout est "arrangé" par sa sœur et son beau-frère, qui ne veulent bien entendu "que son bien". Un drame va se jouer, qui va faire de notre amoureuse une criminelle (au sens de la loi de l'époque) et l'enverra purger une peine de vingt ans dans un camp de rééducation, où prisonnières de droit commun voisinent avec "criminelles" politiques et malades mentaux. Pour éclairer le contexte, ajoutons qu'il suffit de se moquer du président Mao ou de n'importe quel cadre politique pour devenir un "criminel". Dans ce beau roman, écrit avec une extrême simplicité tout en se ménageant quelques moments de pure poésie, l'auteure, qui a elle-même connu la vie des camps, nous plonge dans un univers où déraison et soumission totale à l'arbitraire rythment le quotidien de ces femmes dont le destin individuel a été rayé de la carte. Yang Fenfang pourra-t-elle un jour connaître le bonheur auquel tout un chacun a droit ? Rien n'est moins sûr…