Moitié vrai
de Ariane Cordeau

critiqué par Libris québécis, le 29 août 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Inaccessible Vérité
Les contes bercent l'enfance en enseignant que, dans le jardin de la vie, s'y cachent des animaux indésirables comme le méchant loup qui guette le petit chaperon rouge. La littérature enfantine est loin d'être rose. Devenus adultes, on joue à l'autruche pour minimiser les dangers, qui attendent au détour tout un chacun. On se construit un monde que l'on embellit pour combattre son angoisse. En fait, ce que l'on vit est à moitié vrai comme l'indique le titre de l'oeuvre.

Pour sa première envolée littéraire, l'auteure ne s'est pas donné la tâche facile en abordant un sujet enraciné dans le labyrinthe des sentiments qui se joue des scénarios que l'on échafaude pour se protéger des vérités trop désarçonnantes. Contrairement aux réactions communes, Marie, l'héroïne du roman, tente d'ouvrir son panier de crabes afin de mater ses appréhensions anxiogènes. En l'occurrence, elle doute de ses origines paternelles. Avocate comme son supposé père, elle croit dur comme fer que sa mère, une Française de la noblesse, a eu une aventure amoureuse avec le palefrenier du domaine familial. Son père, un Québécois de passage en France, l'aurait donc mariée pour camoufler l'honteuse grossesse. Pour démêler l'écheveau, elle se rend à Bédarieux, où elle rencontre une vieille tante sénile. En examinant ses photos, elle se trouve un air qui lui confirme qu'elle est la fille d'un domestique du noble manoir. Il lui faut donc rencontrer son père biologique pour le confronter à la vérité. Mais la vérité ne se rend pas.

Sur ce canevas, Ariane Cordeau a brodé le tableau des frustrations d'une trentenaire différente, semble-t-il, de son prétendu père, différente aussi d'une mère zen qui a divorcé lors de ses dix ans, amère également d'une vie de couple peu inspirante. En somme, elle est en quête d'un vrai père et d'un amour enrichissant. Comme chacun endosse les particularités du caméléon, il n'est pas facile de débusquer ceux que l'on voudrait aimer. La vie serait un désert qui fait surgir des mirages auxquels on croit.

Sujet difficile, ai-je écrit. Mais l'auteure s'en sort allègrement. Elle a même fait de son roman une œuvre qui s'adresse à un large public. En empruntant cette voie, elle s'est enlisée finalement dans un sentier de guimauve.