Renégat T01 Le Chevalier rouge
de Miles Cameron

critiqué par Colt, le 28 août 2015
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Chevaliers et sauvageons
A la tête d'une bande de mercenaires, le chevalier rouge est appelé au nord de l'Alba pour défendre la région d'une incursion du Monde Sauvage. Pièges, batailles, trahisons, démons, magie, chevalerie....

L'auteur est diplômé d'histoire médiévale et cela se retrouve dans son récit. Beaucoup de précisions dans les costumes, armures, armes utilisées, les stratégies militaires... ce qui ravit l'amateur de détails historiques, et ce qui fait aussi parfois son défaut, car le détail tue le rythme du récit. Ce dernier commence doucement : dialogues longs, pas toujours utiles, redondants, descriptions de paysage peu concises... Il faut passer les 100 premières pages pour apprécier l'intrigue, la fougue et la fureur de la bataille que se livrent les hommes et le Monde Sauvage.
L'auteur emmène son lecteur à suivre différents protagonistes. On se retrouve du point de vue du Chevalier Rouge, de Thorn son ennemi, et de bien d'autres personnages. Il faut avoir une bonne mémoire pour suivre les fils du récit. A en faire trop, l'auteur dilue la force de sa plume. L'ensemble reste cependant très appréciable.
Un premier tome prometteur 8 étoiles

A la demande de l’Abbesse de Lissen-Carak une troupe de quarante lances se dirige vers le couvent fortifié. A la tête de cette troupe de mercenaires, un jeune capitaine qui se fait appeler le Chevalier Rouge. Sur leur chemin l'on assiste à la découverte d'un massacre commis dans une ferme appartenant à l'Abbaye. Si à première vue, la scène laisse à penser que cette atrocité a été commise par une bête venue du Monde Sauvage, certains indices permettent au Capitaine de penser que ce massacre a été commandité et qu'un traître figurait parmi les résidents de la ferme.
L'intrigue met du temps à prendre de l'ampleur, l'auteur prenant le temps de faire monter la crainte voire la peur au fil des rencontres avec les créatures sauvages. En effet, dans la première partie du roman le lecteur a un peu de mal à faire le lien entre la compagnie de mercenaires, ce qui se déroule au palais royal, la venue d'un groupe armé venu de l'est et les Jacks des hommes alliés aux créatures du Monde Sauvage.

On a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose, l'histoire est très longue et l'auteur s'attache à nous décrire de manière très technique le siège mis en place ainsi que l'organisation du groupe de mercenaires, les événements importants qui se déroulent en marge de l'abbaye, le quotidien à l'intérieur et les rapports entre les mercenaires et les abbesses, ainsi que les réfugiés. A l'instar de la guerre, la magie est omniprésente, elle se présente sous deux formes : la première, l'Hermétisme, une doctrine ésotérique proche de l'alchimie qui nous vient de l'époque gréco-romaine, la seconde plus proche de la nature, la Magie Verte plus tellurique à l'instar des Druides Celtes. Des magies qui ne présentent pas d'innovation en la matière, mais qui sont exploitées de fort belle manière. Les grandes batailles et les combats moins importants en nombre d'antagonistes sont très visuels, le lecteur n'a aucun mal à s'y trouver partie prenante.
L'atmosphère de peur, d'insécurité qui plane sur l'abbaye et ses habitants est très bien rendue donnant au récit une touche Dark-Fantasy voire parfois de Sword and Sorcery .
Après nous avoir placé de manière soignée le contexte de l'intrigue et présenté succinctement une partie de la troupe, l'auteur commence à nous fait découvrir le monde dans lequel vont évoluer le Capitaine et sa troupe. L'on a une première vision des monstres qui vivent au-delà du Mur qui sépare le pays du Monde Sauvage. Un mur certes en partie endommagé, mais qui ne peut pas nous empêcher de relever une certaine similitude avec le Trône de Fer et quelques autres ouvrages de Fantasy. Le royaume d'Albe avec son mur et les guerriers venus de l'Est a une connotation qui rappelle l'Albion et le Mur d'Hadrien, protégeant les romains des tribus sauvages telles que les Pictes. On notera une fois de plus la concordance du mode de vie entre les Pictes et celui des Outremurains. L'univers, malgré un bestiaire très développé mais en grande partie déjà rencontré au préalable, s'avère plutôt classique. La vie des gens au Moyen-âge nous est rapportée de manière très précise, avec des références très crédibles avec l'Histoire on sent le côté historien de l'auteur.
Les personnages sont très nombreux et l'auteur multiplie les points de vue, et si l'intérêt du lecteur s'avère bien réel pour les protagonistes principaux, il a plus de mal à suivre des protagonistes de second plan. Et de ce fait celui-ci a tendance à survoler les passages qui leur sont attribués. Dans l'ensemble la psychologie des personnages principaux est bien travaillée. Mais malgré le mystère qui les entoure, ils s'avèrent parfois un peu trop caractéristiques dans leurs rôles. On aurait aimé que certains personnages de second plan soient plus mis en valeur.


L'écriture est simple, directe et si on a parfois l'impression avec les passages descriptifs. Cette impression vient à l'origine des chapitres relativement très longs, alternant dans le même chapitre plusieurs points de vue et des situations également très différentes. Certes les passages épiques et les dialogues percutants non dénués d'humour... noir atténuent en partie cette impression, mais la dynamique de lecture n'est pas aussi bonne que l'on pouvait attendre d'une telle fantasy.
Le dénouement nous est livré quarante pages environ avant la fin, et si la dernière partie qui en résulte nous propose une ouverture intéressante sur le deuxième opus force est tout de même de constater que celle-ci paraît trop longue et sans trop de relations avec la mission qui se prépare pour la troupe de mercenaires.

En conclusion, le lecteur est plongé dans une fantasy épique sombre, violente mais très réaliste de ce qui se passait à l'époque médiéviste, nous décrivant un univers de guerre très proche de la réalité dans le déplacement et la vie d'une troupe se rendant à la guerre ou confrontée au quotidien des bivouacs. Toutefois l'histoire aurait peut être gagné en intérêt si le récit avait été moins long, certains passages notamment introspectifs auraient pu être condensés.

Goupilpm - La Baronnie - 67 ans - 30 juin 2017