L'apiculture selon Samuel Beckett
de Martin Page

critiqué par Sundernono, le 25 août 2015
(Nice - 41 ans)


La note:  étoiles
Petite fantaisie sous influence
L’Apiculture selon Samuel Beckett, voilà un titre qui fleure bon littérature, nature et bourdonnement des abeilles. Cependant et contrairement à ce que laisse sous-entendre l’intitulé, ce petit roman n’est en aucun cas un manifeste sur l’art de récolter le miel selon les conseils de l’auteur et poète irlandais.

L’histoire ? L’université de Reading, victime d’un incendie, est contrainte de déplacer ses archives parmi lesquelles est retrouvé un texte inédit d’un homme se présentant comme l’assistant de Samuel Beckett. Une révélation ! Ce texte, sorte de journal intime d’un jeune étudiant en thèse d’anthropologie, constitue d’ailleurs la trame principale du roman. Embauché par Beckett pour trier ses archives à destination des universitaires, celui-ci se retrouve chamboulé par les volontés d’un auteur désireux de brouiller les pistes :
« Ce qui compte, c’est la biographie de ceux qui lisent mes livres, plus que la mienne. Les universitaires feraient mieux d’enquêter sur leur propre vie s’ils veulent comprendre quelque chose à mon œuvre ».

On y retrouve d’ailleurs un Beckett haut en couleurs, barbu, cheveux longs et chemise à fleurs, apiculteur à ses heures perdues, bref loin de l’image laissée par son œuvre. Un personnage qui plus est porté par des dialogues savoureux et parfaits dans le ton, quelque peu fantaisiste, mais qui n’en reste pas moins un homme libre, libéré de sa condition d’artiste.
« Le malentendu est la règle. Si on peut vivre en partie grâce à ce malentendu, alors tant mieux. C’est la paradoxale félicité des artistes. ».

A cela s’ajoute la touche Martin Page, l’un des auteurs français les plus élégants plume en main. Son style léger amène au récit ce petit côté surréaliste que j’aime tant. L’écriture est belle et la lecture agréable, bien desservie par un humour jamais loin.

Un roman original, léger, encore une agréable parenthèse littéraire offerte par ce romancier de grand talent.
Petite réflexion... 4 étoiles

Petite réflexion sur l'idée de l'Artiste, sur l'image qu'il construit de lui-même, à travers son œuvre, mais pas seulement. Dans cette fiction, on suit Beckett s'amuser de son image, en rajouter, la modifier.
Pour le reste, il s'agit d'une courte narration qui joue sur la mythologie d'un de nos grands auteurs du XXè. Vite lu, et pas essentiel à mon sens.

Cecezi - Bourg-en-Bresse - 44 ans - 26 août 2018