L'obscurité du dehors
de Cormac McCarthy

critiqué par Jules, le 6 février 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un livre fort
Nous sommes aux États-Unis, dans le Sud profond. A environ dix kilomètres de la première habitation, dans une clairière près d’un bois, il y a une petite chaumière.
À l'intérieur un homme et une femme. L’homme entend un bruit à l’extérieur indiquant qu'une charrette transportant un être humain approche. Il sort et fait repartir très vite le marchand ambulant qui passait par là, voir s’ils n’avaient besoin de rien. L’homme retourne dans la cabane et l'on comprend que la femme est sa soeur et qu’elle est enceinte. Enceinte de lui, son frère… Il refuse d'aller chercher une sage-femme, car elle jaserait au village. La femme accouche et, épuisée, s'endort. Il prend l’enfant et va le déposer dans les bois. Il rentre et déclare qu'il est mort. Entre-temps, le marchand ambulant a trouvé l'enfant et l'a emporté pour le déposer en nourrice. La soeur se réveille et demande de voir l'endroit où son frère Culla Holme a enterré le petit. Elle veut déposer des fleurs. Elle découvrira qu'il ne l'a pas enterré ,et Holme s'enfuit. Commence alors pour ces deux êtres, séparément, une longue errance qui leur fera traverser de pénibles moments. Le Sud profond n'est pas toujours rose !.
Cormac McCarthy réussit une véritable performance d'écriture dans ce livre. Donner vie à ces dialogues des plus bruts, dans la bouche d'êtres à l'esprit des plus sommaires, relève d'un très grand art. Et on est pris par l'histoire, par les conséquences à la fois horribles et farfelues de cet inceste. La notion du bien et du mal est-elle vraiment la même pour tous ?.
Ténébreuses solitudes ! 10 étoiles

Cormac McCarthy est un écrivain américain né en 1933 à Providence, Rhode Island (États-Unis).
Romancier parcimonieux, il n'a publié en tout et pour tout que 9 ouvrages de fiction depuis 1965.
Un univers romanesque planté dans une Amérique fruste et violente, où meurtres, viols et actes de barbarie constituent le ciment des relations entre les individus.
Son dernier roman, "The Road" (La Route), publié en 2006, obtient le prestigieux prix Pulitzer.
"Outer Dark" (L'Obscurité du dehors) est publié en 1968.

Culla et Rinthy Holme sont frère et soeur. Ils vivent dans une cahute délabrée au coeur des Appalaches. De leur relation incestueuse naît un enfant rapidement abandonné par son père.
Le roman démarre alors, le lecteur accompagnant la quête impossible de ces 2 "hobo".
Rinthy à la recherche de son bébé qu'elle croit savoir récupéré par un colporteur.
Culla à la poursuite de sa soeur et d'une impossible rédemption.

Une oeuvre qui ne se raconte pas. Chaque ligne est un bonheur de lecture. Poésie, lyrisme, réalisme des plus sordides s'enchaînent avec virtuosité.
On retrouve la puissance des romans de Faulkner (à qui McCarthy est souvent comparé)
226 pages de puissance littéraire, un séisme qui vous hantera longtemps.
Cormac McCarthy est un géant !

Frunny - PARIS - 59 ans - 29 juin 2015


L'écrivain des ténèbres 9 étoiles

Même si la charge émotionnelle est moins forte que "dans la route", ce roman ne peut laisser indifférent. C'est un des premiers livres de Cormac McCarthy. C'est un roman noir de noir. Cormac McCarthy est vraiment l'écrivain des ténèbres... Ses histoires nous hantent et nous dérangent. C'est absolument terrifiant. On navigue dans des paysages cauchemardesques, exemple :
"devant lui s'étendait un désert spectral d'où ne dépassaient que des arbres dénudés dressés dans des attitudes de souffrance, vaguement hominoïdes comme des figurines dans un paysage de damnés. Un jardin de morts qui fumait vaguement et s'estompait pour se confondre avec la courbure de la terre".
Tout est comme ça...
On ne rencontre que des personnes horribles, décharnés, misérables, incultes et barbares. Il n'y a jamais de personnage gentil ou qui fait preuve de la moindre bonté... (ou si peu).
McCarthy écrivain des ténèbres et du désespoir ...? Mais aussi... Ecrivain génial.

Chene - Tours - 54 ans - 9 mars 2011


ENCORE UN BEBE QUI TRINQUE... 9 étoiles

Décidément Cormac a un problème avec les jeunes enfants?? ... Que lui ont-ils fait pour s’en prendre à eux ainsi... comme dirait certain psychanalyste cela remonte peut-être à son enfance.. ou à ses enfants.. assez déliré..
C’est mon deuxième livre que je lis. Intéressant et noir. stupéfiant// sadique .. enfin du cormac
super à lire pour ses fans et à découvrir pour les autres. Chez moi il a fait le tour même parcours que la route.. mais un faible pour la route... bonne lecture.

Pauline3340 - BORDEAUX - 56 ans - 12 mai 2009


Barbarie poétique 9 étoiles

M'ayant fait une forte impression avec "The Road", son dernier livre en date, je me suis tourné vers les premiers romans de ce génie pour y chercher de semblables sensations. Dès le début de ce bouquin magnifique, je ne fus pas déçu par ce voyage hors norme, intemporel et barbare.

L'histoire se déroule dans le Sud des Etat-Unis, en milieu rural. Par l'atmosphère qu'il y règne, on se croirait en plein moyen-âge, tant la simplicité des lieux et l'aspect sauvage des personnages sautent aux yeux.

Véritable croisade à travers un environnement hostile, les situations précaires et frustes contrastent avec un vocabulaire riche et poétique. Comment mieux faire ressortir la bestialité humaine qu'en accolant l'animal qui est en l'homme et ce qui en fait sa richesse? Mccarthy y excelle et y ajoute ce côté mystique, qui lui est propre.

Véritable chef-d'oeuvre, "L'Obscurité du Dehors" replace l'Homme dans son milieu naturel, dans ce qu'il a de plus simple mais également de plus mauvais. Relativement pessimiste, Mccarthy reste généreux en décrivant un monde vicieux dans une langue des plus sublimes.

Baader bonnot - Montpellier - 41 ans - 17 mars 2009


La vision du dehors 9 étoiles

C'est mon premier McCarthy. Ce roman m'a beaucoup plu. J'y retrouve de fortes ressemblances avec l'univers d'Erskine Caldwell, entre autres La Route au tabac et Le petit arpent du bon Dieu. C'est vrai que c'est fabuleusement écrit. Les dialogues bien sûr, mais aussi la nature. De ce point de vue, les débuts de chapitre sont admirables. Cet auteur a une "vision du monde", au propre et au figuré, ce qui n'est pas aussi fréquent qu'on le croit.

Vigno - - - ans - 13 mars 2003