Les quinze premières vies d'Harry August
de Claire North

critiqué par Ellane92, le 5 août 2015
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
Les yeux de Dieu
Harry August est un mnémonique, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il meurt, c'est pour renaître à la même époque et dans la même famille. Comme tout le monde (!), nous dirait l'auteur, sauf qu'en tant que mnémonique, Harry se souvient de ses vies antérieures. Plus surprenant encore, il n'est pas le seul. Partout dans le monde et à chaque époque, les mnémoniques se retrouvent, essaient de s'entraider, s'envoient des messages du passé ou du futur, et forment, ensemble, le cercle cronus. Dépositaires d'un certain nombre de secrets de l'histoire (Harry est un as de la seconde guerre mondiale qu'il a vécu tant de fois !), le parti pris du cercle est de ne pas intervenir sur leur partie du présent : trop de conséquences imprévisibles pourraient en découler, modifiant ainsi aussi bien le passé que le futur.
Harry est en train de quitter sa vie, une nouvelle fois, quand une petite fille débarque à son chevet pour lui délivrer un message venu du futur, transmis de génération en génération, de petit enfant à vieillard : la fin du monde a lieu de plus en plus tôt, et le déclenchement de cette catastrophe annoncée prendrait sa source à l'époque d'Harry !


Si le sujet traité par Caroline Webb / Claire North est séduisant et le premier chapitre prometteur, je n'ai pas vraiment goûté la lecture des ces "Quinze premières vie d'Harry August". J'ai trouvé la première moitié du livre bavarde, pleine de redites, de maladresses, d'évènements qui m'ont paru inutiles et sans intérêt pour la suite de l'histoire. La trame est décousue, passant allègrement d'une vie à une autre, d'un sujet à un autre, et la terminologie spécifique de ce livre n'étant pas forcément expliquée dès le départ, j'ai donc allègrement confondu mnémonique et kalachakra, sans compter les ouroboriens ! Le côté morbide de l'histoire, qui comporte son lots de scènes de tortures (ça, c'est une constante dans la vie de Harry !), de folie, de suicides... m'ont mise mal à l'aise, et pourtant, je ne suis pas une "âme sensible" ! A mon avis, on aurait pu s'en passer, ou au moins les rendre moins présentes, sans entacher le fond du récit.
La seconde moitié du livre est plus dynamique. Son intérêt réside dans les voyages que fait Harry, qui nous permettent de faire voir défiler les grands évènements du 20ème siècle en Europe, en Chine, aux USA...
Ce que j'ai trouvé intéressant, ce n'est pas tellement le blabla physico-temporel pour répondre aux interrogations que tous, homme ou mnénomique, nous posons (qui sommes-nous ? d'où venons-nous ? où allons-nous ?), mais le rapport amour-haine entre notre héros et celui par qui tout arrive : Vincent Rankis. L'évolution de cette relation est intéressante et plutôt bien traitée. Le problème, pour ma part, c'est que je suis restée à tourner en boucle sur des considérations beaucoup plus pragmatiques : comment peut-on vivre, mourir, puis renaître, croiser les mêmes gens à la même époque, sachant que ceux-là, n'étant pas morts en même temps que nous, ont continué leurs activités qui auront des impacts sur notre passé et surtout notre présent actuel ? Bref, la boucle temporelle s'est transformée en un sacré sac de nœuds, et j'ai tenté, tant bien que mal et à demi-convaincue, de suivre cette intrigue à tiroirs et à répétitions.
Tant pis pour moi, le sujet me plaisait mais, malgré une seconde partie plus dynamique, j'ai trouvé cette lecture fastidieuse.


Pour l'essentiel, ce que nous savons faire de mieux avec le temps, c'est le perdre.

La mort ne nous effraie pas. Ce qui nous terrorise, c'est de renaître.

L'ignorance est-elle synonyme d'innocence ? Et si oui, tolérons-nous l'ignorance des autres pour préserver leur innocence ?