Pensées pour moi-même
de Marc Aurèle

critiqué par CCRIDER, le 29 janvier 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
L'empereur philosophe
Marc-Aurèle nous a laissé ce recueil de "Pensées" , sorte de journal intime orienté vers un stoïcisme pratique . Il n'a certainement jamais eu l'idée de le publier ainsi . En effet , on y trouve un peu de tout : des aphorismes , des pensées , des notes , des dialogues , des raisonnements et surtout des conseils qu'ils adressent à lui-même . Le tout est en vrac de telle sorte que le pauvre lecteur en est tout déboussolé . Il faut fouiller un peu partout dans ce bric à brac pour trouver soudain une perle , un trait de génie .
Je cite :" Tout est éphémère et le fait de se souvenir et le souvenir lui-même"
"Supprime la présomption , tu auras supprimé :"On m'a fait tort". Supprime :"On m'a fait tort" et le tort est supprimé ."
"Effacer ce qui est imagination ; réprimer l'impulsion ; éteindre le désir ; rester maître de sa faculté directive."
Idéalisme , fatalisme , volontarisme , primauté de l'intelligence et de la raison pourraient caractériser le stoïcisme . C'est surtout une voie héroïque pour tenter d'atteindre ce que chacun cherche , je veux dire le bonheur ou à tout le moins le minimum de souffrance possible .
En bon stoïcien , Marc-Aurèle se voulait " maître de lui comme de l'Univers".
D'après Montesquieu , quand on a lu l'empereur philosophe on a " meilleure opinion de soi-même " car il nous réconcilie avec le genre humain .
Why not ?
Inclassable 6 étoiles

CCRIDER et Jules ont souligné certains aspects d'un ouvrage, riche, multiple et composé au fil des jours. Pour moi, j'en ai retenu deux. Marc Aurèle prône successivement et simultanément de vivre avec le souci de soi et aussi avec le souci des autres. Il y a dans la vie quotidienne de nombreuses circonstances où ces deux termes paraissent difficilement conciliables. L'auteur, traitant séparément chaque proposition et par une suite d'aphorismes chaque fois, évite plutôt de traiter la contradiction, affirmant souvent que des irritations courantes rien ne reste après plusieurs années. Il insiste encore à plusieurs reprises sur le fait que la mort est inéluctable et que ce fait entraîne la nécessité de vivre pleinement le présent, s'opposant ainsi aux dérives futures de bien des religions. N'oublions pas non plus que ce grand empereur philosophe commit une grave erreur en laissant son siège à son indigne fils Commode, assassiné dix ans après à la suite d'une révolte du palais.
Au total, lecture un peu difficile, parfois stimulante, souvent intéressante, quelquefois allant vers la banalité.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 29 septembre 2014


Hadrien et Marc-Aurèle 5 étoiles

On peut faire un certain parallèle entre ces deux empereurs romains; leur intelligence.

Idéalisme et fatalisme me semblent assez contradictoires.
Volontarisme, primauté de l'intelligence et de la raison permettent peut-être "d'être le moins malheureux possible". Mais est-ce le bonheur que "d'être le moins malheureux possible" ? Un vaste sujet de discussion ! A moi, cet objectif me paraît tellement négatif et étriqué qu'il revient à supprimer la plupart des sources de joies de la vie. A toujours laisser le commandement à la raison, il y a beaucoup de choses que l'on ne ferait pas ! Bien sûr il ne s'agit pas de l'abandonner, loin de là, mais il est des moments ou il faut pouvoir la mettre de côté pour "vivre". Vivre, c'est prendre des risques aussi et qui ne sont pas toujours mesurables. Exemple: de peur d'être déçu, je ne vais pas donner mon amitié entière, d'ailleurs est ce que je connais à 100% la personne à laquelle je vais la donner ?... Non, évidement ! Mais il est certain qu'à vivre selon de tels calculs, on vit sans amis aussi. Bien sûr on peut recevoir des claques, mais sans risquer les claques on ne trouvera jamais l'amitié... Et il en va ainsi de bien d'autres choses. Une vie entièrement dominée par la raison doit être d'un monotone à mourir et je n'y vois pas de bonheur possible. Moins de malheurs, peut-être, mais moins de bonheurs aussi. L'ennui...

J'aurais fait un très mauvais stoïcien, Marc- Aurèle a fait un bon empereur. Heureusement je ne suis qu'un simple individu...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 29 janvier 2004