La chute du British Museum
de David Lodge

critiqué par Féline, le 28 janvier 2004
(Binche - 45 ans)


La note:  étoiles
La sexualité des catholiques!
David Lodge est un de mes écrivains favoris. Il sait toujours mettre le doigt sur le côté comique de chaque situation aussi banale soit-elle.

Dans "La chute du British Museum", il s'attaque au catholicisme et à la sexualité, ou plutôt à la sexualité des couples catholiques dans les années 70. Rappelons que le catholicisme est loin d'être répandu en Angleterre et l'on peut décemment soupçonner une part autobiographique dans ce roman. En effet, à l'instar du personnage principal, David Lodge fut un jeune étudiant de troisième cycle, marié et père de deux enfants, catholique pratiquant et donc soumis à la terrible loi du "contrôle des naissances" qui interdisaient à tout couple d'employer la moindre méthode contraceptive et les contraignaient donc à une vie d'angoisse qui atteignait son paroxysme le jour du début des règles.

Adam Appleby vit donc ce terrible enfer mensuel depuis la naissance de son troisième enfant, se demandant comme il ferait pour nourrir une bouche supplémentaire avec son maigre revenu. Ce matin-là est donc " le matin des règles". Et horreur, rien à l'horizon et Barbara, son épouse, est victime de nausées! De plus, n'ont-ils pas fait l'amour, deux semaines auparavant, au retour d'une soirée arrosée? Pas moyen de s'en souvenir... D'autant qu'ils n'avaient pas pris la température de Barbara... Et si elle était enceinte? Cette interrogation obsédera Adam toute la journée, journée ponctuée des aventures les plus rocambolesques qu'un jeune chercheur au British Museum puisse imaginer.

Une fois encore, David Lodge enchaine les situations cocasses en un rythme infernal. Mais là où le roman se distingue des autres : c'est qu'il y a glissé des pastiches d'écrivains anglais. Malheureusement, certaines parodies sont inaccessibles aux "non anglophones". C'est pourquoi il les explique en prologue. Je ne citerai ici que celles qui m'ont le plus marquée : l'étrange parcours pour renouveler une carte de lecteur qui rappelle l'administration hermétique à l'oeuvre dans "Le Procès" de Kafka; la course poursuite dans les dédales du British Museum sur un tempo digne de Graham Greene et l'épilogue écrit sur le modèle de la fin d"Ulysse" de James Joyce. La parole est accordée à Barbara, qui dans un monologue, duquel toute ponctuation est absente, nous livre son opinion au sujet de la sexualité, du contrôle des naissances et du catholicisme.

David Lodge, dans ce roman original, nous livre une critique acerbe de la position de l'Eglise Catholique sur la sexualité dans les années 70 et des conséquences sur de jeunes couples dépourvus de moyens. J'ai passé un agréable moment comme toujours avec David Lodge mais j'ai trouvé ce roman légèrement inférieur à la trilogie "Changement de décor", "Un tout petit monde" et "Jeux de société", moins hilarant.
Amusant 8 étoiles

À Londres, au début des années 60, Adam Appleby passe ses journées au British Museum pour y préparer une thèse de troisième cycle de littérature anglaise. Avec son épouse Barbara, ils ont bien essayé de réduire leur fécondité en pratiquant la méthode des températures, mais ce fut un échec total. Leurs trois enfants, Clare, Dominic et Edward furent tous le résultat d’accidents de parcours ou de calculs donc de grossesses non désirées. Adam et Barbara, catholiques pratiquants, tenaient à respecter les préceptes de l’Eglise d’avant Vatican II. Mais ceux-ci leur pèsent d’autant plus que Barbara semble devoir être enceinte une quatrième fois alors que leur appartement est déjà trop petit pour quatre sans parler de difficultés financières insurmontables…
« La chute du Britih Museum » est un roman d’auto-fiction amusant construit sur le mode des pastiches et des parodies. Un lecteur averti pourra s’amuser à y retrouver les mânes d’auteurs prestigieux comme Franz Kafka, Graham Greene, Virginia Wolfe et de quelques autres. Tel fut le cahier de charges que s’imposa ou se permit David Lodge. C’est particulièrement bien réussi en ce qui concerne Kafka avec le renouvellement de la carte de bibliothèque de l’auteur qui bascule dans l'étrange et le fantastique. Quelques scènes cocasses, une certaine dose d’humour anglais et d’auto-dérision. Mais quand même pas le meilleur titre de ce charmant auteur.

CC.RIDER - - 66 ans - 19 mars 2020


Tout à fait vrai 6 étoiles

Si Adam Appleby nous semble bien complètement obnubilé par son problème au point de ne plus retrouver "ses petits" dans un univers qu'il connaît pourtant bien, ce roman a moins de charme que sa trilogie. Oui, c'était un terrible problème de l'époque pour certains, alors que d'autres, tout aussi catholiques, étaient bien loin d'écouter l'église sur ce sujet.
Mais l'humour de David Lodge est bien moins décapant dans ce livre ! Peut-être était-il par trop concerné et anxieux. En outre, à l'époque, ce livre m'avait paru plus léger que les autres. J'aimais bien son petit monde d'universitaires ne vivant que dans les livres, les pensées amoureuses, les mesquineries des uns et des autres, ainsi que dans les ambitions déçues. En tout cas, largement en dehors des problèmes quotidiens des hommes et femmes ordinaires.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 29 janvier 2004