La décapotable rouge
de Louise Erdrich

critiqué par Ellane92, le 10 juillet 2015
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
une écrivain intéressante mais...
La décapotable rouge est un recueil de 19 nouvelles écrites par l'américaine mi-germano-américaine mi-chippewa Louise Erdrich. C'est ma deuxième incursion dans ses livres, après La malédiction des colombes que j'avais trouvé bien écrit mais trop hermétique et touffu.

Les nouvelles, dont la première, qui est également ma préférée, donne son nom à l'ouvrage, ont été écrites entre 1978 et 2008, et chacune compte 30 à 40 pages, ce qui permet de s'immerger dans les histoires. Ces nouvelles ont souvent pour décor le Dakota du nord et mettent en scène des personnages de sang indien, dont certains apparaissent dans plusieurs nouvelles, à des moments différents de leur vie.

J'aime beaucoup l'écriture fine et nerveuse, élégante, de Louise Erdrich. Les textes rassemblés dans ce recueil sont parfois poétiques et toujours rythmés, au travers de phrases courtes, voire de paragraphes courts. J'apprécie cette capacité à mêler traditions et réalité du monde moderne, gestes du quotidien et vie spirituelle, poésie et trash.

Si la forme me convainc, j'ai plus de mal avec le fond. Même en 40 pages, au cours d'une nouvelle, j'arrive à me perdre dans les méandres de ces textes. Il y a, à mon goût, trop de non-dits et d'implicites, de personnages qu'on suit un peu, qui disparaissent et sont évoqués par d'autres sans qu'on sache trop ce qu'ils sont advenus, puis qu'on retrouvera ailleurs, dans une autre nouvelle, qui s'attachera à présenter, avec talent, un personnage qu'on suit un peu, qui disparaîtra... De même, tous les personnages de ce recueil sont fracassés par la vie, déprimés, désabusés, par les guerres, l'alcool, la pauvreté, la précarité, etc... Enfin, la vie dans les réserves telle qu'elle est présentée ici semble calquée sur le modèle occidental, et le mal-être des personnages pourrait être vécu par tout un chacun... Il y a, je trouve, peu d'espoir dans ces nouvelles qui montrent des personnages incapables de s'adapter au monde américain tel qu'il est, et qui pourtant n'ont d'autres choix que de s'y contraindre...

Pour moi, Louise Erdrich, c'est l'auteure de textes beaux mais hermétiques, auxquels je n'arrive pas à adhérer... et c'est bien dommage !

Cela fait des lustres que nos maris sont décédés. Il fut un temps où nous avons dû les aimer. Mais pour moi l'amour ne se disait pas avec des fleurs, du moins pas jusqu'à ce qu'il meure. Depuis, chaque printemps je remplace les roses artificielles sur sa tombe.