Sur le suicide : Leurs morts nous intéressent
de Bruno Lafourcade

critiqué par Catinus, le 30 juin 2015
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Un incontournable !
Voici un livre qui fait le point actuel sur ce sujet délicat et encore souvent tabou. Il se divise en plusieurs chapitres. Les mobiles, soit pourquoi on se « sui-cide »= on se « tue soi-même » ; les modèles soit différentes catégories d’individus qui passent à l’acte , leurs noms et leur modus operandi : cinéastes, savants, soldats, psychiatres et psychanalystes, acteurs, chanteurs et musiciens populaires, dessinateurs, peintres, plasticiens, hommes politiques, philosophes, écrivains ; les apologies antiques , chrétiennes, antichrétiennes , et enfin un abécédaire des suicides célèbres.

Sans aucun doute un incontournable !

Extraits :


- Vous saviez en effet que nul n’est devenu écrivain, musicien, peintre, cinéaste – pas plus qu’écuyer, joueur d’échec, mathématicien – sans un long apprentissage ; qu’il faut posséder les techniques avant d’espérer un style ; que la foi moderne dans l’éclosion spontanée du talent est une imposture ; qu’aucune pousse, si visible qu’elle soit, ne se développe si elle n’est irriguée.


- Eustache manifesta un sens intéressant de l’à-propos en punaisant sur la porte de la chambre où il se suicida : « Frappez fort. Comme pour réveiller un mort. »



- Quand Georges Hyvernaud écrit ces lignes, il revient d’un oflag de Poméranie.
« On s’imaginait avoir une âme ou quelque chose d’approchant. On était fier. Ça nous permettait de regarder de haut les singes et les laitues. On n’a pas d’âme. On n’a que des tripes. On s’emplit tant bien que mal, et puis on va se vider. C’est tout notre existence. On parlait de dignité. On se figurait qu’on était à part, qu’on était soi. Mais maintenant on est les autres « .