L'Armée de l'Ombre, Tome 3 : Terre brûlée
de Olivier Speltens

critiqué par Septularisen, le 15 juin 2015
( - - ans)


La note:  étoiles
LA DÉBÂCLE ALLEMANDE SUR LE FRONT DE L'EST
Septembre 1943. La victoire a définitivement changé de camp sur le front Russe. La Wehrmacht n’est plus en mesure de contenir l’irrésistible avancée de l’armée rouge et son réservoir inépuisable de soldats prêts à se sacrifier pour sauver la mère patrie. La preuve, notre bande de troufions se retrouve de retour à Kiev, derrière le fleuve Dniepr, sur la ligne de défense Panther-Wotan, exactement au même endroit qu’un an auparavant!

Le jeune Kesseler est à présent devenu un soldat aguerri, expérimenté et qui bien que n’hésitant jamais à se battre, fait tout ce qu’il peut pour tenter de garder en vie ses camarades. Il est toujours « protégé » par son mentor Kruger, qui le considère un peu comme son fils.
Kessler commence à perdre les dernières illusions qu’il se faisait sur la guerre contre le bolchévisme. D’autant plus que pour retarder l’avancée des troupes russes, ce sont les allemands qui pratiquent à présent la politique de la « Terre brûlée », en Ukraine. Ce qui ne va pas sans un certain nombre d’exactions contre les populations civiles, absolument indignes de la Wehrmacht d’après Kessler...

Toujours inspiré des récits autobiographiques d’August Von KAGENECK et de Guy SAJER (déjà critiqués par ailleurs sur CL) c’est un peu un tome de « transition » vers la fin de l’histoire et la débâcle allemande, qui nous est présenté ici par M. Olivier SPELTENS.
C’est sans doute ce qui explique la légère « baisse de régime » et d’intérêt du scénario. C’est un peu répétitif, un scène de combat, à cours de laquelle notre groupe de soldats échappe de justesse à la mort, ils réussissent comme par miracle à s’enfuir, ils ont quelques jours de repos… Une scène de combat... C’est moyen comme procédé et on a parfois l’impression que M. SPELTENS, ne sait pas trop où il veut amener son récit.

Côté dessins par contre et notamment scènes de batailles, je crois que M. SPELTENS peut soutenir la comparaison avec n’importe qui, et ce absolument sans problèmes…
Les scènes de bataille de nuit (pg 14-25) sont absolument incroyables, avec en plus l’entièreté de la page (entre les cases et sur la marge) qui deviennent noir, pour renforcer encore plus le côté « nuit » des scènes… Les bleus nuits sont absolument magnifique, si on plus on tient compte des rouges et orange des explosions et des tirs, et des découpages absolument innovants (pg 17-18) ou occupant l’entièreté de la page en cinq grands strips, placés les uns au-dessus des autres (pg 20-21) on obtient la des scènes d’anthologie!...

Je suis toujours aussi admiratif de ses dessins de chars. Les T-34 soviétiques et les « Tigres » allemands sont restitués plus vrais que nature.
Il y a bien sûr toujours quelques imprécisions sur le côté "historique" des armements des deux armées en présence (désolé M. SPELTENS mais la portée du « Panzerfaust 60 » (Pg 43) est bien supérieure à 30 mètres, par contre aucune chance que cette arme puisse percer le blindage du char russe KV-2 (Pg 44). Mais, pour le reste, le rendu des dessins (notamment p. ex. les uniformes allemands en version hiver), M. SPELTENS m’a, comme pour les épisodes précédents, littéralement subjugué.

D’ailleurs dans ce volume, en prime, M. SPELTENS nous offre dans ce volume une petite « balade » en « Tante Ju » (Junkers JU 52), nous prouvant au passage que nos seulement il est très doué pour dessiner les chars, mais aussi les avions !... Dans l’attente du quatrième et dernier tome de cette série, à quand une série avec des pilotes des chasse ?...
Le Dniepr comme ultime rempart 9 étoiles

Encore un très bon tome de cette série récente sur le front de l'est en 1943. Les Allemands, du gradé aux troufions ont maintenant conscience que la défaite est possible voire probable.
Les Soviétiques sont partout à l'offensive et enfoncent les lignes de défense successives établies par les soldats du Reich. Des millions d'ennemis prennent d'assaut les obstacles établis par Krüger et ses camarades; malgré l'aide de la technologie allemande qui s'incarne dans les performants Tigre et autres Panther, le nombre a le plus souvent raison de l'opiniâtreté des Ländser.
L'ambiance fin de règne est très bien rendue dans ce tome toujours admirablement dessiné et scénarisé par Speltens qui parvient à faire vivre les difficiles conditions de vie des soldats allemands dans cette guerre d'extermination voulue par ses dirigeants. La difficile question de l'élimination des populations de l'Est de l'Europe, en Russie, Biélorussie et Ukraine est évoquée mais donne lieu à des dialogues peu crédibles malheureusement, de sorte qu'on a l'impression que l'auteur semble vouloir se dédouaner d'avoir choisi ce sujet et de sembler prendre fait et cause pour ses personnages qui, de fait, ne peuvent pas approuver la politique de la terre brûlée mise en place par la Wehrmacht lors de son repli d'Union Soviétique.
Le tome est bien enlevé, le lecteur n'a pas un instant de répit et est trimbalé avec la section de Krüger d'un point à l'autre du front.
Belle réussite pour cet album donc, et pour une série qui s'impose (faute de beaucoup de combattants d'ailleurs) comme une référence de la bande dessinée historique sur la Seconde Guerre Mondiale.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 6 avril 2018