A l'aube de soi
de Michèle M. Gharios

critiqué par Patman, le 10 juin 2015
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
Du Paradis à l'Enfer...
Beyrouth, un soir, de nos jours. Un "humanitaire" français qui vient de donner une conférence suivie d'un dîner vient prendre l'air sur la plage. Surgit soudain de la pénombre une jeune femme qui se promène seule, semblant perdue dans ses pensées. Elle s'appelle E. et elle va lui raconter son histoire... Son enfance où elle passait tous ses étés dans la montagne, son amour naissant pour D. un garçon pas comme les autres, leur premier baiser à "Janna" (le Paradis en arabe), puis la guerre qui vient. Beyrouth sous les bombes, D. engagé dans une milice puis qui part pour Paris poursuivre ses études et E. qui l'attend, sans nouvelles pendant des années, jusqu'à ce qu'il ressurgisse, l'épouse et l'emmène en France avec lui. Et la longue descente en enfer qui commence pour E. auprès de cet homme tyrannique et sombre.
Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir par vous même la suite de ce roman que l'on pourrait qualifier de psychologique. Des personnages à la Simenon, tout en obscurité. Une écriture fluide, un style plaisant, ces 200 pages se lisent avec plaisir malgré le sentiment oppressant qui s'en dégage au fur et à mesure du récit. On a vraiment envie de savoir jusqu'où E. va supporter cette vie de couple étouffante et comment elle va s'en sortir (ou pas ?). En filigrane, la guerre qui, même une fois terminée, reste toujours présente dans l'esprit et le coeur des Libanais comme un spectre toujours prêt à ressurgir au détour d'un souvenir.
Bravo à la petite maison d'édition La Cheminante d'avoir déniché ce joli texte de Michèle M. Gharios qui publie pour la première fois en France mais dont on avait déjà pu apprécier la poésie grâce à l'éditeur belge Maelström.