La piste mongole
de Christian Garcin

critiqué par Lectio, le 26 mai 2015
( - 75 ans)


La note:  étoiles
un très long voyage
A première vue nous penserions à un récit de voyage. D'un peu plus près à une aventure façon "polar". Nous partons en effet à la recherche du héros habituel de l'auteur, un certain Eugénio Tramonti (cf le vol du pigeon voyageur, la jubilation des hasards) égaré quelque part en Mongolie. Nous aurons notre part de paysages enchanteurs et mystérieux dans les montagnes mongoles, le lac Baïkal, ainsi que le cloaque pluvieux d'Oulan Bator. Voilà pour le côté rationnel de la narration. Nous sommes surtout projetés dans un univers et un voyage initiatique où nous nous égarons. Entre les frontières floues du souvenir et du mensonge, des rêves, des magiciens et des affabulateurs nous errons au milieu de récits éclatés et décalés truffés de personnages facétieux et mystérieux aux noms extravagants comme Chen le Maigre, Sürgündü jambes d'os, Shamlayan le morveux. Voici les incantations de la grosse, l'énorme Pagmajav qui s'absente afin de parcourir d'autres mondes, une Sibérienne habituée de l'invisible, Irina la douce jeune fille et sa cabane invisible sous le lac ou dans la forêt obscure. Et puis Chen Wanglin jeune auteur chinois qui maîtrise ses rêves, écrit plusieurs histoires en même temps et les mélange avec ses rêveries, magnifique clin d'oeil de l'auteur qui ne craint ni l'humour ni la dérision. Ce livre captivant est tout simplement magnifique dans sa construction car tous ces récits teintés de descriptions, d'humour, de poésie, d'imaginaire, s’emboîtent et se répondent par des coïncidences, des liens mystérieux, des apparitions, des disparitions. Ces histoires sont parsemées d'indices tels des petits cailloux semés sur le chemin. Nous sommes devant une grande construction littéraire, inédite et originale qui nous anime et nous transporte. Du très grand art.